« Le Professeur » d’Émilie Frèche sur Samuel Paty : la pièce que la liberté attendait

Mardi 9 avril, Le Professeur, pièce de l’écrivaine et scénariste Émilie Frèche consacrée à Samuel Paty, a été jouée au Théâtre libre à Paris. Mise en scène par un Charles Berling qui a déposé cœur et âme pour incarner à merveille un professeur pris au piège d’un système kafkaïen, l’œuvre a secoué le public.

Silence. Le professeur s’avance. Sort de l’ombre. Il y retournera bientôt, faute d’écoute, faute de soutien, faute de lumière suffisante. Il va nous raconter une histoire. La sienne. Ça pourrait être celle de n’importe quel enseignant. Il s’appelle Samuel Paty. Oui, l’emploi du présent est essentiel. Car en assistant hier, mardi 9 avril, à la pièce de l’auteure Émilie Frèche, j’ai compris que le Portugais José Saramago avait mille fois raison quand il écrivait dans ses Menus souvenirs : « Les êtres qui ont un jour interpellé notre cœur insouciant et volatile et qui l’ont retenu méritent tous de survivre en nous.» Pour un athée comme Paty, tout est néant une fois la mort arrivée ; néanmoins, les vivants restent les passeurs et transmetteurs d’une identité et d’une vie. Parfois même, ils se font forgerons. Ils fondent et re-fondent, pétrissent, réparent, modèlent et proposent au monde une mémoire renouvelée.

Le Professeur était-il une évidence pour Émilie Frèche ? Sans trop prendre de risques, on peut convenir que la remise en cause voire l’émiettement de l’universalisme à l’école, la montée en puissance du droit à la différence (laquelle ne doit pas faire l’objet d’une supposée offense – offense basée sur une subjectivité floue du ressenti qui vaut parole sacrée) a suscité chez elle une pulsion aiguë de la plume. Sur un rythme haletant, elle brosse les derniers jours de Samuel Paty entre son cours de début octobre 2020 qui lui vaut des critiques de plusieurs élèves et son exécution par l’islamiste tchétchène Abdoullakh…

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Auteur: Ella Micheletti