Pour un statut juridique des rédactions
L’accélération des mouvements de capitaux dans les médias écrits et audiovisuels, privés ou publics (concentration, émiettement du capital, participations croisées, rachat par des fonds d’investissement) fragilise l’indépendance des journalistes et la crédibilité des médias. Drahi, Niel, Arnault, Kretinsky, Dassault, Tapie, Hersant… l’histoire regorge des histoires de ces industriels milliardaires ayant fait main basse sur des journaux ou des médias. L’exemple de l’industriel Vincent Bolloré, qui s’est construit en cinq ans un empire médiatique à des fins politiques, après avoir détruit une chaîne d’information (iTélé), doit plus que jamais nous interroger sur la nécessité de légiférer sur la question de la concentration des médias.
Cependant, s’il est illusoire et peut-être contre-productif, de vouloir écarter les capitaux privés du financement des médias, il est primordial de doter les rédactions d’un statut juridique leur permettant de faire valoir un droit d’opposition collectif, tout particulièrement lorsque l’indépendance du média vient à être gravement mise en cause par le comportement de l’actionnaire éditeur, de la direction et/ou de la hiérarchie de l’entreprise, voire des annonceurs ou « partenaires » du média.
Cette revendication de la profession, qui a déjà fait l’objet de deux propositions de lois, toujours rejetées par le Parlement (PPL Assouline en 2011, PPL Goulet en 2014), ne vise aucunement à priver l’employeur des prérogatives et des responsabilités qui lui incombent en tant que directeur de la publication. Il s’agit de permettre à l’équipe rédactionnelle constituée de jouer un rôle de régulation, en équilibrant les droits et les devoirs de chacun. En protégeant l’intégrité de l’équipe rédactionnelle et son identité éditoriale, c’est avant tout le public et son droit à une information complète, honnête et pluraliste, que cette mesure entend garantir.
Quelle que soit la forme juridique de l’entreprise de média ainsi que la structure de son capital, l’équipe rédactionnelle sera obligatoirement consultée sur les événements mettant en jeu l’identité éditoriale ou l’indépendance rédactionnelle de la publication, sans préjudice des consultations des instances représentatives du personnel, prévues par ailleurs par le Code du travail. Le cas échéant, l’équipe rédactionnelle pourra s’autosaisir de ces problèmes (Proposition issue de la résolution du congrès de…
La suite est à lire sur: www.acrimed.org
Auteur: Acrimed