Le putois d'Europe n'est plus nuisible, mais toujours pas protégé

Tonneins (Lot-et-Garonne), reportage

Silencieusement, Stéphan Lamothe pousse la porte en bois de l’infirmerie du centre de soins de la faune sauvage de Tonneins (Lot-et-Garonne). À l’intérieur, deux autres soigneuses animalières, Lou et Élisa, s’affairent autour du nouveau pensionnaire, un jeune lérot (Eliomys quercinus) affamé. Installés dans de petites cages aux quatre coins de la pièce blanche, des dizaines d’animaux accidentés attendent calmement leur tour. L’un d’entre eux, un petit carnivore, semble toutefois ne pas tenir en place. C’est lui, le putois d’Europe (Mustela putorius), que nous sommes venus rencontrer.

Stéphan Lamothe soulève le drap rose reposant sur son box : gamelles et jouets sont sens dessus dessous. L’auteur de ce capharnaüm a disparu. Paniqué par nos mouvements, il s’est dissimulé sous une couverture, sans omettre de libérer sa célèbre glande à l’odeur nauséabonde. Difficile de ne pas esquisser une grimace. Ce petit putois d’Europe âgé de deux mois a le don de recevoir.

Carnivore de la famille des mustélidés, cet animal est un lointain cousin de la loutre et du blaireau. Long d’une cinquantaine de centimètres, il revêt un poil brun, à l’exception de la tache claire présente sur le pourtour de ses lèvres et de ses oreilles. Depuis 2017, l’espèce est classée comme « quasi menacée »sur la liste rouge des mammifères menacés en France, établie par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Si le putois d’Europe se trouve encore dans de nombreuses régions françaises, ses effectifs régressent et l’animal disparaît de certains secteurs. Son recensement précis reste toutefois difficile, tant l’animal est furtif et discret ; mais son déclin a bien été constaté par l’Office français de la biodiversité (OFB, ex-ONCFS), en recoupant les résultats de différentes études. Débuté dès la deuxième moitié du XXe siècle, ce déclin est en grande partie lié au piégeage et à la dégradation de son habitat. Cette situation préoccupante pousse aujourd’hui des associations naturalistes à réclamer l’inscription du petit mammifère sur la liste des espèces protégées, et pas seulement comme « quasi menacé ».

Le putois d’Europe âgé de 2 mois recueilli par le centre. © Emmanuel Clévenot/Reporterre

Le nourrisson rescapé

« Cette petite boule de poils a été retrouvée le 4 juin dernier, à la frontière entre la Gironde et la Dordogne, nous raconte le soigneur. Un couple de randonneurs l’a découvert…

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Auteur: Emmanuel Clévenot Reporterre