Christian EYSCHEN
En 2024, M. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, entend évaluer les effets de la loi du 21 août 2021 « confortant les principes de la République » et demande à deux hauts fonctionnaires de dresser l’état des lieux de la présence en France des Frères musulmans, organisation fondée en 1928 en Égypte par Al Banna. Au printemps 2025, un rapport classé secret-défense est remis à l’actuel locataire de l’Hôtel Bauveau, M. Bruno Retailleau, qui pousse probablement davantage à sa publication dans la presse qu’à la garantie de sa confidentialité, à la veille d’un Conseil de Défense présidé par le Président de la République, furieux de ne pas avoir la primeur de ce document.
Cette négligence pourrait constituer un acte d’atteinte à la sûreté de l’État si le rapport contenait des informations de nature à nuire à la sécurité du pays. Néanmoins, au pays de Tartuffe, il s’agit d’une lamentable mascarade à visée bassement politicienne : le prétendu brûlot dont les gazettes s’emparent pour enflammer les esprits est en réalité une bluette, tant au regard des constats des auteurs que des préconisations qu’ils formulent.
Les éléments matériels de la menace que font peser sur la France les Frères musulmans, sur la base même des documents gouvernementaux fournis par le Pouvoir, nous saisissent d’effroi : on compte mille personnes affiliées à cette organisation qui draine péniblement, le vendredi, 91 000 fidèles, dont la plupart ne se reconnaissent pas dans la figure d’Al Banna ; les Frères musulmans contrôlent 139 lieux de culte sur 2 800 ainsi que 53 associations cultuelles dont une douzaine serait en sommeil ; les moyens financiers dont dispose ce dangereux ennemi intérieur, en diminution de 50 % en cinq ans, s’élèvent à 500 000 euros par an ; enfin, le lycée Averroès sous contrat d’association que les Frères musulmans auraient influencé ne…
Auteur: Christian EYSCHEN