Le réarmement massif de la Pologne : causes, conséquences et controverses

À la faveur de la guerre en Ukraine, la Pologne a vu son image s’améliorer sensiblement en Europe. Varsovie a, en effet, massivement accueilli les réfugiés de guerre ukrainiens et fourni des armes à l’Ukraine, mettant à profit la proximité technique des matériels entre les deux pays.

Le gouvernement polonais a également marqué sa différence en envoyant son premier ministre à Kiev dès mars 2022 en même temps que ses homologues tchèque et slovène, soit trois mois avant que les chefs d’État et de gouvernement allemand, français et italien en fassent de même. Le parti de droite Droit et Justice (PiS), au pouvoir depuis 2015, s’est appuyé sur les atermoiements dont certaines capitales ouest-européennes ont fait preuve au début du conflit pour tenter d’accréditer la thèse d’un glissement du leadership européen vers l’est de l’UE.

De plus, en donnant davantage de visibilité aux enjeux de sécurité du flanc Est de l’OTAN, le conflit a semblé valider les positions dures de Varsovie à l’égard de la Russie – des positions qui font du reste l’objet d’un solide consensus en politique intérieure depuis plusieurs décennies, au moins en apparence.

Dans ce contexte, le ministère polonais de la Défense multiplie depuis quelques mois les annonces en matière d’achats d’armements, avec l’objectif revendiqué de construire une « grande armée » capable de résister au choc d’une agression armée de la Russie. L’analyse de cette politique de réarmement fait apparaître des lignes de division dans le consensus pro-occidental des élites politiques polonaises. Elle permet également de mettre en évidence les contours de l’ordre géopolitique que le PiS appelle de ses vœux, en Europe et au-delà.

Un effort militaire sans précédent

Le gouvernement, qui a annoncé que 3 % du budget seraient désormais consacrés à la défense, entend modifier le format de l’armée de terre, qui devrait passer de quatre à six divisions ; elle disposerait ainsi à terme de près de 300 000 combattants, contre 115 000 actuellement. Elle verrait également sa puissance de feu considérablement augmenter, en cohérence avec la doctrine de défense du pays, qui exclut les frappes préventives mais vise à dissuader toute agression armée.

L’activisme de Varsovie porte aussi bien sur des acquisitions d’armements « sur étagère » (c’est-à-dire déjà existants) que sur des partenariats susceptibles de renforcer l’industrie nationale de l’armement.

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Les futures acquisitions devraient porter sur des chars lourds et des hélicoptères américains, ainsi que sur des missiles HIMARS, dont l’efficacité a été prouvée lors des combats en Ukraine. D’autres contrats ont été conclus avec la Corée du Sud, notamment pour…

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Auteur: Frédéric Zalewski, Maître de conférences en Science politique, membre de l’Institut des sciences sociales du politiques (ISP, CNRS), Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières