La guerre en Ukraine a entraîné un recours accru au concept de fascisme pour qualifier le régime russe actuel. Mais est-ce le bon terme ?
Comme spécialiste de la Russie postsoviétique et, par ailleurs, en tant que professeur enseignant la politique comparée sur le fascisme, les dictatures et les idéologies autoritaires, un tel qualificatif suscite mon étonnement.
À moins de redéfinir le concept pour l’adapter à la Russie poutinienne, il ne me semble guère judicieux de si mal nommer les choses. Car de l’étiquette attribuée à la Russie dépend l’attitude à entretenir à son égard. On ne se comporte pas envers un régime fasciste de la même manière qu’à l’endroit d’une dictature militaire ou conservatrice. Les perspectives d’évolution ne sont d’ailleurs pas les mêmes.
L’armée russe a certes envahi l’Ukraine pour des raisons, à mon avis, à la fois explicables et injustifiables. Il est compréhensible que les images diffusées quotidiennement sur la guerre en Ukraine avec les massacres, les destructions, les millions de réfugiés et autres malheurs génèrent de fortes émotions nourrissant la détestation du régime Poutine.
Le président russe lui-même justifie ses actions auprès de sa population en présentant l’Ukraine comme un pays à « dénazifier », rappelant à cette fin les massacres dont s’est rendu responsable l’armée ukrainienne au Donbass depuis 2014, la présence de néonazis dans certains bataillons, les lois répressives à l’égard des russophones, etc. L’analyse politique…
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Auteur: Michel Roche, Professeur de science politique, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)