Le Relais Ménilmontant, de la « Marche des Beurs » au Café Dorothy

Rachida Azzoug pousse la porte du Café Dorothy en fin d’après midi. Emmitouflée, essoufflée par la montée de la rue de Ménilmontant, elle rejoint son amie sur une banquette rouge. « Je n’ai plus 20 ans ! », plaisante-t-elle avec un regard complice pour sa voisine, Samia Messaoudi. Toutes les deux avaient la vingtaine quand elles se retrouvaient au 85 bis rue de Ménilmontant pour préparer l’arrivée de la marche pour l’égalité et contre le racisme à Paris.

Les lieux, à l’époque, étaient ceux du Relais Ménilmontant. C’est dans ce centre social et maison de quartier, rattaché à la paroisse Notre-Dame de la Croix, que se monte en 1983 le Collectif jeune de Paris d’accueil de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, dont faisait partie Samia et Rachida Azzoug. Plus connue sous le nom de « Marche des beurs », la marche lancée par SOS Avenir Minguettes et la Cimade, partie de Marseille en octobre 1983, rassemble à Paris près de 100 000 personnes à son arrivée le 3 décembre. « Pour nous, enfants des immigrés maghrébins des années 1950, la marche était notre acte de naissance citoyenne », se rappelle Rachida.

Le quartier général du collectif jeune

Au café Dorothy, l’atmosphère en fin d’après midi est chaleureuse et sereine. Il y a quarante ans, « le Relais était en pleine effervescence », se rappelle pourtant Samia Messaoudi, 68 ans. D’un geste de la main, la journaliste retraitée montre la pièce où une vingtaine de personnes s’affairaient à la distribution de tracts. « C’était notre quartier général », explique Rachida.

À l’annonce de la marche en juillet 1983, une première réunion à Paris rassemblait les associations parisiennes antiracistes. Mais les associations de la jeunesse immigrées ne se retrouvent pas dans les organisations institutionnelles représentées par la Ligue des droits de l’homme, le MRAP, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre…

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Auteur: Alix Champlon