La crise politique dans laquelle nous semblons installés témoigne bien d’un certain ratage de la promesse démocratique et avec elle de celle d’une certaine pratique du pouvoir censée la réaliser. La difficulté réside dans l’ambiguïté intrinsèque de ce qu’on entend par « ce pouvoir (kratos) du peuple », difficulté qui plus est redoublée depuis que la démocratie est représentative : les coordonnées modernes du problème politique font reposer la démocratie sur un consentement par lequel le citoyen délègue l’exercice du pouvoir à ses représentants.
Cette autorisation ne vaut qu’en tant que le citoyen concède d’abord de perdre l’exercice personnel de ce pouvoir, le perdre de fait pour le retrouver de droit : c’est là le tour de passe-passe censé être réalisé par le contrat social. Cette autorisation sur laquelle repose le pacte social suppose donc une confiance fondamentale, celle par laquelle le citoyen autorise ses gouvernants à exercer le pouvoir en son nom : l’autorité est toujours une autorisation.
Or ici comme ailleurs, ce consentement se donne avant tout comme un problème qui demande sans cesse à être (re) discuté et (re) négocié, sans quoi il n’est rien d’autre qu’un contrat de dupes. Nous sommes très loin du mythe d’un accord a priori et évident, donné une fois pour toutes.
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Contre l’impuissance citoyenne, penser une démocratie de crise ?
Le « retour au peuple » et ses ambiguïtés
C’est bien cette relation d’autorité comme autorisation qui se trouve actuellement abîmée. Le remède résiderait dans un « retour » à ce peuple trahi ou oublié. Un certain nombre de discours parfois antagonistes politiquement parlant se disputent ainsi le monopole de la représentation populaire.
À ce titre, ils déploient chacun à leur manière un certain ressort que l’on pourrait qualifier de populiste, si l’on entend par là…
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Auteur: Marion Bourbon, Agrégée et Docteure en Philosophie, Chercheuse associée, Université Bordeaux Montaigne