Il y a deux ans, j’avais été contactée, à ma grande surprise, par des chercheurs britanniques pour participer à une étude autour de l’épreuve du « Grand Oral » du nouveau baccalauréat. Ces chercheurs en rhétorique d’outre-Manche s’intéressaient à la place grandissante de l’oral en France, actée désormais dans nos programmes scolaires.
Il n’y a pas si longtemps, une telle démarche aurait été impensable. En effet, la France s’est toujours caractérisée par une culture scolaire de l’écrit, vu comme un moyen privilégié pour développer sa pensée et défendre ses idées – là où, justement, les pays de langue anglaise tendaient à miser sur l’oral.
C’était bien plutôt aux États-Unis et non en France où, dès le plus jeune âge, on initiait les élèves à la communication orale – depuis les séances quotidiennes en primaire de « show and tell » (littéralement « montrer et dire », exercice où l’élève montre et parle d’un objet de son choix devant la classe), jusqu’aux clubs, à l’école secondaire et au-delà, de joute oratoire.
Pendant ce temps, on laissait l’élève français s’aventurer sur le terrain insolite et épineux de « l’exposé oral ». De cette expérience, il ne sortait pas en général indemne et le malaise perdurait lorsque, en arrivant par exemple en cours d’anglais dans le supérieur, il faisait preuve d’un « manque remarquable de présence à autrui et d’engagement interactionnel ».
Mais tout cela a changé avec le rebond d’intérêt qu’a connu partout dans le monde la prise de parole en public, activité qui s’est renouvelée ces vingt dernières années sous l’influence de la vidéo en ligne – à tel point que les chercheurs en rhétorique parlent d’un « boom de l’art oratoire » et du nouveau statut de l’oral, qui revient au centre de la vie publique. Depuis les « TED Talks », dont le site Internet fut lancé en 2007,…
La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Fiona Rossette-Crake, Professeure en linguistique, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières