Le retour des « mauvais maîtres » ? – Olivier Long

La sidération suscitée par l’assassinat de Samuel Paty semble avoir autorisé le gouvernement, ainsi que son ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer, à sombrer dans une radicalisation express. Alors que le ministre annonce la mise au pas du monde de la recherche universitaire et des sciences humaines en reprenant à son compte et quasiment mot à mot les analyses les plus indigentes et stupides de l’extrême droite, Olivier Long, maître de conférence à la Sorbonne, nous rappelle ici que ce type de tournant fascisant connaît quelques précédents. Notamment la « querelle des mauvais maîtres » en 1940 qui vit l’extrême droite attribuer à Proust, Gide, Mauriac, Valery, Rimbaud et Cocteau mais aussi aux surréalistes, aux dadaïstes et jusqu’à Racine, la responsabilité intellectuelle d’une défaite militaire, et qui n’est pas sans rappeler les accusations de complicités actuelles avec l’islamisme radical.

C’est en surfant sur la vague de sidération produite par les dernières décapitations, que le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, développe ce syllogisme :

« …Moi, je pense surtout aux complicités intellectuelles du terrorisme. (…) ce qu’on appelle l’islamo-gauchisme fait des ravages (…) Il fait des ravages à l’université, il fait des ravages quand l’Unef cède à ce type de choses, il fait des ravages quand dans les rangs de la France Insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s’affichent comme tels. Ces gens-là favorisent une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène au pire ».

Au-delà de la cuistrerie assumée de ce type de sophisme, une question se pose : est-il énoncé simplement par bêtise, par intérêt ou par idéologie ?

Une radicalisation solitaire de Jean-Michel Blanquer ?

La démonstration a toutes les apparences d’une implacable logique. Mais qui pourrait croire sans rire qu’il existe une communication directe ou indirecte entre lieux de « culte » et lieux de « culture » ?…

Auteur: lundimatin
La suite est à lire sur: lundi.am