Le rêve d'une Europe réensauvagée

La diplomatie subversive. En découvrant le livre L’Europe réensauvagée : Vers un nouveau monde de Gilbert Cochet et Béatrice Kremer-Cochet, paru cette année, en 2020, je m’attendais à y trouver une redéfinition radicale ou du moins substantielle du terme « réensauvager » que je connaissais de par mes recherches sur l’environnementalisme et la restauration écologique. Mon anticipation positive, joyeuse même, provenait du fait que le livre est préfacé par Baptiste Morizot, auteur des Diplomates : Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant (2016) et que L’Europe réensauvagée est publié aux éditions Wildproject dans la collection « Mondes sauvages » dont le but est, rappelons-le, de partir à la rencontre des vies et territoires singuliers des animaux sauvages afin de créer les conditions pour qu’un dialogue et une nouvelle alliance puissent émerger.

Il n’était donc pas incongru – pour la primate dotée du sens de la ruse que je suis et que jusqu’à nouvel ordre, nous sommes tous, auteurs et éditeurs y compris – d’anticiper un retournement de la situation ou une subversion des codes et définitions actuellement en cours.

En effet, j’imaginais un livre qui plongerait le réensauvagement dans des récits particuliers, précis, de diplomatie c’est-à-dire de tension et de rapprochement entre écologistes, animaux et habitant·e·s humain·e·s (ne fut-ce qu’eux·elles, c’est le minimum). Le livre visiterait ces lieux expérimentaux où, effectivement, en Europe, d’autres rapports de cohabitation interspecifiques sont fabriqués. Il ferait part des nouvelles alliances singulières en train d’être forgées. Le réensauvagement ne serait alors plus le projet volontariste et massif porté par le mouvement Rewilding Europe et autres associations de conservation qui visent la création de parcs naturels dotés d’initiatives écotouristiques et de programmes de réinsertion d’espèces…

Auteur: lundimatin
La suite est à lire sur: lundi.am