Le RN à l'Assemblée nationale est-il un groupe politique comme les autres ?

Non, le groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée n’est pas un groupe politique comme les autres.

Jean-Marie Fardeau

Depuis leur élection en juin 2022, les député·e·s du groupe RN sont prié·e·s par leur cheffe, Marine Le Pen, de faire bonne figure à l’Assemblée nationale pour achever la normalisation du RN et lui donner le vernis d’un « parti de gouvernement », ce qui fut autrefois un gage de respectabilité.

Lors de la session d’ouverture, José Gonzales, doyen RN de l’hémicycle, gratifiait les parlementaires de sa nostalgie du colonialisme, avant que l’éructation raciste « Qu’il(s) retourne(nt) en Afrique » lancée par le député Grégoire de Fournas à Carlos Martens Bilongo (LFI) achève de montrer que ces députés RN n’avaient en fait pas changé.

Recadré·e·s, les député·e·s RN ont su par la suite faire profil bas, à la surprise de beaucoup. À la faveur de cette stratégie, et avec le soutien des parlementaires de la majorité (Renaissance, Horizon, Modem) et du groupe Les Républicains, des député·e·s RN ont eu accès à des fonctions très officielles au sein du système parlementaire : deux vice-présidences de l’Assemblée nationale, multiples présidences de groupes d’amitié (Pologne, Grèce, Danemark, Irak, Venezuela, Libye, Centrafrique, Madagascar… laissant le groupe d’amitié avec le Brésil à Nicolas Dupont-Aignan).

La normalisation recherchée par Marine Le Pen et son parti signifie-t-elle pour autant que son groupe est devenu « comme les autres » ? À cette question, quinze associations (dont Attac France, les Amis de la Terre, Fondation Copernic, Oxfam France, VoxPublic) et trois syndicats (CGT, Union syndicale Solidaires, Syndicat des avocats de France) ont répondu clairement « non » dans une tribune publiée dès le 30 septembre 2022 à la veille de la rentrée parlementaire.

Une société s’enrichit quand elle sait accueillir

Ensemble, elles ont déclaré qu’elles s’abstiendront de tout contact avec le groupe RN à l’Assemblée. Elles affirmaient ainsi que « malgré sa stratégie de « dédiabolisation » au cours des années passées, les fondamentaux du RN restent les mêmes depuis quarante ans ». Elles ne contestent pas la légitimité démocratique des membres de ce groupe, dont les député·e·s ont tou·te·s été élu·e·s au suffrage universel. Elles estiment néanmoins avec lucidité qu’il serait inutile et vain de chercher à convaincre et rallier des parlementaires RN à des revendications…

La suite est à lire sur: basta.media
Auteur: Jean-Marie Fardeau