Le Royaume, c’est toi

Nous sommes entrés dans la période de l’Avent. L’adventus, mot latin dont est issu notre mot français, était une cérémonie qui se déroulait dans la Rome antique, au cours de laquelle l’Empereur ou un autre dignitaire était officiellement accueilli dans une ville. Cérémonie qui fêtait les arrivées des empereurs à Rome ou dans les provinces de l’empire : depuis le voyage de Néron en Grèce et le retour de Trajan à Rome après la seconde guerre dacique en 106, jusqu’aux multiples déplacements d’Hadrien par exemple. On parlait ainsi de l’adventus Augusti dans la cité, et ce modèle donna plus tard l’adventus Christi pour désigner la venue du Christ en ce monde.

L’image impériale antique d’une entrée triomphale dans la cité, conquise ou célébrée, peut nous paraître aujourd’hui très éloignée de la signification chrétienne de l’Avent. Et pourtant. Elle peut nous faire réfléchir à ce que nous avons à préparer. Une entrée royale dans la cité du manque, dans la cité abandonnée, dans la cité violente et injuste. Une entrée royale dans la cité des abus, des crimes et du déni. Notre cité.

La période de l’Avent, ce n’est pas l’attente confiante d’une inéluctable venue espérée. C’est plutôt le temps d’une prise de conscience déchirante de notre impréparation tragique. D’une venue paradoxale dans un champ de ruines et de violence. Dans un temps de crise et de décision (la krisis grecque). Nous devrions relire et méditer le texte de l’Apocalypse, cette puissante récapitulation métaphorique de notre situation.

N’est-ce pas notre monde aujourd’hui que vient dénoncer une fois encore la « voix forte » qui retentit dans l’Apocalypse (18, 2 – 5) ? « Tombée, oh elle est tombée, Babylone la grande ! Oui, elle est devenue refuge de démons, repaire de tout esprit vivant impur, et repaire de tout oiseau impur, et repaire de toute bête fauve impure, et haïe. Oui,…

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Auteur: Frédéric Boyer