Le Russe qui a parlé à la télévision française (si, si !)

Je partage l’avis de Xiao. A mon sens, il est hors de propos de remercier BFM de proposer assez fréquemment des interviews à des personnalités politiques russes ou chinoises.

Mon sentiment est qu’il faut voir dans cette singularité l’effet de la logique de concurrence sur le terrain de l’information entre chaines privées et chaines publiques.

Bourdieu, comme le rappelle Maxime Vivas, parlait de la « circulation circulaire de l’information » qui résultait de cette logique. Les rédactions étant peu ou prou obligées de calquer leur contenu sur ce qui fait l’actualité chez leur concurrent, on en vient à voir se répéter, malgré la pluralité des canaux, les mêmes contenus et, de manière forcément invisible, à constater les mêmes aveuglements.

Pour se distinguer (ce qui est vital s’agissant des chaines commerciales qui tirent une bonne partie de leurs revenus de la publicité et donc de leur résultat d’audience), il ne reste que les différences de forme et de ton. Quand le service publique diffuse un documentaire animalier, BFM doit organiser un spectacle de cirque avec un lion en cage.

L’intérêt de faire venir Piotr Tolstoï est évidemment de donner le sentiment que, sur BFM, à l’inverse de ce qui se passe sur le service public, tous les points de vue peuvent s’exprimer et qu’on y parle vrai. La venue d’un invité russe s’exprimant dans un français excellent mâtinée d’une pointe d’exotisme slave et acceptant, volontairement ou non, de se conformer aux pires stéréotypes du genre ne fait que renforcer cette impression de liberté de ton.

Les responsables éditoriaux de BFM ont d’autant plus de raison de miser sur cette carte qu’ils savent que les concurrents du service public ne pourront pas suivre. Il est probable que certains au sein de la rédaction de BFM se rengorgent de cette apparente largeur de vue, ce qui serait une manifestation du « narcissisme de la petite différence » mais si comme je pense que c’est le cas, la chaîne vit pour partie de ses recettes publicitaires, le caractère racoleur de ce type d’événement médiatique ne dévie pas de l’intérêt bien compris de l’entreprise.

Théophraste a raison de souligner que les 7 intervenants (qui comprennent un russe) sont sur une même ligne. Vous ne faites pas venir le lion sans entourer la piste d’un haut grillage, ni faire intervenir des dompteurs. Mais on pourrait aussi dire que M.Tolstoï, héritier d’un grand nom et ancien correspondant du Monde et de l’AFP, facilite énormément la partie à ses…

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Auteur: Le grand soir