Le Salon de l'agriculture snobe les alternatives végétales

Paris, reportage

« Il s’appelle le Salon de l’agriculture, mais c’est plutôt le Salon de l’élevage. » Assis au stand de l’Observatoire national des alimentations végétales (Onav), Florimond Peureux, son président, ne cache pas sa déception. Selon lui, le Salon de l’agriculture – qui se tient à Paris du 25 février au 5 mars – « n’accorde pas de réelle place au végétal ». « Il y a des animaux dans quasiment tous les bâtiments, constate-t-il. Les visiteurs passent d’un stand à un autre, presque sans rien voir sur le végétal. C’est dommage, cela les empêche de se projeter dans un autre modèle agricole. »

Des alternatives sont proposées par-ci par-là à celui qui ouvre l’œil : un ragoût végétarien au menu du « restaurant des médaillés » ; une recette de quiche aux champignons affichée sur le stand de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) ; des bocaux de sauces véganes réunionnaises vendus au bâtiment « produits du monde »… Mais, globalement, les aliments d’origine animale restent largement majoritaires.

En flânant dans les allées bruyantes et encombrées, entre le pavillon rempli de vaches attachées, et les stands « produits et saveurs de France » constitués de foie gras ou de fromage, on en vient même à se demander si les organisateurs du salon ont pris connaissance des études scientifiques recommandant la réduction de consommation de produits d’origine animale – pour des raisons climatiques comme sanitaires. « Le salon s’appuie sur la tradition, il continue de “faire découvrir” aux gens ce qu’ils connaissent déjà, poursuit Florimond Peureux. Il ne les aide pas à aller plus loin, la thématique de la transition alimentaire n’est pas abordée. »

Des ateliers autour de cette question pourraient pourtant être imaginés : autour du stand de l’Onav, près d’une Tour Eiffel réalisée à partir de fruits et légumes, des représentants de la filière sont venus en nombre. Producteurs de pommes, de poires, de pommes de terre… Mais ces produits sont « toujours présentés sous l’angle de la consommation courante, regrette Florimond Peureux. Il n’y a pas de dynamique ou d’enjeu de végétalisation globale mis en avant. Le discours n’a pas changé depuis cinquante ans. »

En plus du stand de l’Onav, des informations sur les légumineuses, protéines végétales parfois délaissées, sont tout de même mises en avant dans d’autres endroits du salon. À quelques mètres, l’interprofession des producteurs, commerçants et transformateurs de céréales propose par exemple des quiz et des jeux pour découvrir les lentilles, les pois chiches ou les haricots. « Le but n’est pas…

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Auteur: Justine Guitton-Boussion Reporterre