Dans le conte de fées que je lis chaque soir à mon fils en ce moment, quatre frères et sœurs sont amenés à faire preuve de courage et d’empathie dans un monde hostile et enneigé. L’un des enfants, Edmund, a moins bon caractère que les trois autres. Il est fier, gourmand et un peu égoïste. L’auteur l’a intelligemment conçu ainsi afin que ses petits lecteurs puissent le juger, prendre parti et se sentir encore plus solidaires des trois autres. Lorsque ses frères et sœurs partent à l’aventure pour sauver un ami, Edmund se braque, met en doute les propos de cet ami et instille le doute : sont-ils vraiment certains d’être du bon côté ? Peuvent-ils faire confiance à ceux qui veulent les aider ? Les méchants (une sorcière et son armée secrète) sont-ils vraiment méchants et ne serait-il pas plus facile de leur obéir ?
Je n’ai pas encore le fin mot de l’aventure de ces quatre enfants mais je suppose qu’Edmund sera le plus grand obstacle entre les héros et leur triomphe. Ce petit Edmund m’a attristée car il m’a fait penser à bien des égards à ce que nous vivons politiquement en ce moment : tant d’orateurs instillent le doute, retournent le vrai pour prêcher le faux, nient le juste et le bon, travaillent à étouffer tout élan spontané de solidarité et de justice, à des fins égoïstes. Nous sommes dans une grande forêt enneigée et brumeuse, et qui sait si nous saurons trouver le chemin vers le bon et le juste ?
J’ai lu qu’un chauffeur de bus qui prévenait les passagers de l’arrivée des contrôleurs avait été licencié par la RATP. La RATP justifiait sa sévérité en arguant que c’était « une question de justice ». Dans le sens, je suppose, où il est, d’après la RATP, injuste que des passagers payent leur ticket tandis que d’autres y échappent parce que le chauffeur les informe à l’avance de l’arrivée des contrôleurs. Eh bien je ne souscris pas à cette idée…
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Auteur: Estelle-Sarah Bulle