« Le sol glissait sous mes pieds » : la colère d’une activiste allemande, victime des inondations

Elle n’oubliera jamais la rapidité avec laquelle la journée a basculé. Ce ressenti de « sol glissant sous les pieds ». L’eau montant jusqu’aux hanches en une vingtaine de minutes. La « détresse ». Puis, la « colère » envers l’inaction des décideurs. Ce 14 juillet 2021, Julia l’a gardé gravé dans sa mémoire. Un an plus tard, la voix saccadée à l’autre bout du fil, l’adolescente revient sur un scénario qui a quelque chose d’irréel. Dans la nuit du 14 au 15 juillet, 141 âmes de la vallée de l’Ahr (située à l’ouest de l’Allemagne) se sont éteintes, emportées par des inondations déchaînées.

Les paysages verdoyants de vignes à perte de vue ont laissé place à des kilomètres de boue, d’eaux usées et d’huiles de chauffage. Les ponts se sont effondrés, et les lignes de train ont été ensevelies, isolant la zone pendant plusieurs jours. « Personne n’avait anticipé ce qui allait arriver », souffle-t-elle. Tout le rez-de-chaussée de sa maison a été ravagé.

Très vite, certains habitants y voient un triste, mais « banal » événement. D’autres, comme Julia, le symbole de l’intensification des dégâts engendrés par le réchauffement climatique auquel il est urgent de s’atteler. « La scène qui se déroulait ce soir-là devant mes yeux, je l’ai immédiatement ancrée dans un contexte plus global d’urgence », amorce-t-elle. Publiée un mois après les inondations en Allemagne et en Belgique, une étude du World Weather Attribution (WWA) regroupant des experts issus de divers instituts de recherche révélait que le déclenchement d’une telle catastrophe sur ces régions avait été rendu jusqu’à neuf fois plus probable par le réchauffement dû à l’activité humaine.

La maison de Julia après les inondations du 14 juillet 2021. © Julia

En guerre contre un traité climaticide

À tout juste 17 ans, cette lycéenne allemande mène une lutte acharnée pour le climat. Aux côtés de quatre autres jeunes victimes de catastrophes climatiques, elle a porté plainte en juin dernier devant la Cour européenne des droits de l’homme contre plusieurs États signataires du Traité international sur la charte de l’énergie (TCE). Le motif ? En permettant aux compagnies pétrolières et gazières de porter plainte contre les États qui menacent leurs intérêts financiers, celui-ci empêche de respecter l’Accord de Paris sur la lutte contre le réchauffement climatique.

Julia réclamant la justice climatique. © Simon…

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Auteur: Reporterre