Le sondage qui interpelle la gauche

On peut évidemment pratiquer la politique de l’autruche. Après tout, ce n’est qu’un sondage réalisé hors de tout contexte électoral. Il n’empêche ! Réalisé par Viavoice, publié par Libération le 4 septembre, celui-ci ne peut nous laisser indifférents. Il a deux bouts. Il rend compte d’abord de la résistible ascension de Marine Le Pen, mais en creux, il pointe aussi l’incapacité de la gauche à lui opposer une alternative crédible. Les chiffres parlent : 44 % des personnes interrogées estiment que Marine Le Pen peut apporter « des solutions utiles », et 42 % qu’elle a « une stature de cheffe d’État ». Cela, après plusieurs mois d’un mutisme calculé. Il suffit que ses thèmes de prédilection occupent l’espace médiatique. Macron, Darmanin, Ciotti font le job. La galaxie Bolloré, Le JDD, Praud, Hanouna, aussi, en travaillant au corps la société sur la question identitaire.

Si Le Pen progresse, c’est aussi parce que la gauche lui oppose des réponses inadaptées.

Immigration, abaya, islamisme, émeutes, « écofascisme » : il y a là comme un harcèlement de notre conscience collective. On en oublie que Marine Le Pen avance masquée. Dans l’entretien que Politis publie cette semaine, la chercheuse Nonna Mayer rappelle fort opportunément que le Rassemblement national « est exactement sur la même ligne que le parti du père ». Comme le vieux FN, il défend la préférence nationale, « un principe contraire aux valeurs de la République ». Les saillies antisémites en moins. Un autre observateur attentif de notre société nous met en garde ces jours-ci contre les effets de la « dédiabolisation ».

Dans un livre fort bienvenu (1), l’historien Roger Martelli nous adjure de ne pas « relativiser » la menace de l’extrême droite. Non, l’idée d’un RN aux portes du pouvoir n’est pas qu’une manipulation des…

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Auteur: Denis Sieffert