Le stade grotesque (la langue du néolibéralisme)

Récemment, je suis tombée sur une citation de la ministre déléguée à l’industrie, Agnès Pannier-Runacher… Il y a beaucoup de façons de caractériser le capitalisme actuel. À toutes définitions politiques et économiques, je propose d’ajouter la notion de grotesque.

Récemment je suis tombée sur une citation de la ministre déléguée à l’industrie, Agnès Pannier-Runacher. Elle parlait devant un parterre d’entrepreneurs, le 7 octobre, à la 7 ème édition de Bpifrance, et ce qui lui venait, c’était « la magie de l’atelier », où « on ne distingue pas le cadre de l’ouvrier, pas l’apprenti de celui qui a trente ans d’expérience… ». L’usine, pour elle, « c’est la fierté de travailler… parce que lorsque tu vas sur une ligne de production, ce n’est pas une punition, c’est pour ton pays, pour la magie ».

Dans la tête surgissait le mot « grotesque ».

C’est quoi, le grotesque ? Le mensonge ? Pas seulement. Le mensonge affirmé, personne n’y croit mais tout le monde joue à faire semblant d’y croire ? Peut-être. Une déformation de la réalité, en tous cas. Et, comment dire, un appel au fantasme.

On imagine une scène.

Un personnage, Agnès P., à l’entrée d’une usine, distribuant un tract, « l’usine, ah l’usine, la meilleure usine, c’est la meilleure des usines possibles, est ce que c’est sale ? oh pas tellement, est ce que c’est dangereux, oh pas tellement, est ce que c’est répétitif, oh un peu, il ne faut pas trop en demander, est ce que c’est inhumain, oh, l’humain, vous savez, l’humain il a bon dos… Mais c’est magique…  »

Ou encore, Agnès P. avec un gros feutre, écrivant sur le mur de l’usine, « entrez, entrez, c’est magique ».

Ça nous rappelle une autre inscription à l’entrée, pas d’une usine, mais où déjà…Arbeit macht frei…

Comme quoi le grotesque a partie liée avec la terreur.

D’ailleurs voyez Goya, ses « disparates ».

Il y a une gravure qui est intitulée Disparate du niais qui est réellement terrifiante, taille gigantesque du « niais », regard vide et sourire idiot, corps envahissant qui prend toute la place….

Mais restons calme.

La « magie », ses paillettes, ses lumières. Elle a tout de même pour fonction de susciter l’illusion, d’effacer les différences, l’expérience, l’éprouvé de la réalité et de ses détails. Justement comme la langue du néolibéralisme, du capitalisme actuel, autoroute, plate et lisse qui se déroule et se déroule, sans aspérités, langue du…

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Auteur: lundimatin