Introduction
La notion de « sujet révolutionnaire » traverse la pensée politique et sociale depuis deux siècles. Concept au croisement de la philosophie, de l’histoire et de l’action collective, il incarne le passage de l’oppression à l’émancipation. Dans le contexte contemporain, où les formes de domination se recomposent et où les mouvements politiques cherchent de nouvelles voies, il est pertinent d’interroger à nouveau cette figure : où se situe le sujet révolutionnaire aujourd’hui ? Que répond La France insoumise (LFI) à cette questio ? Et comment se situe-t-elle par rapport aux héritages révolutionnaires et aux autres forces politiques contemporaines ?
I. Le sujet révolutionnaire : de Marx à Fanon
Dans le marxisme classique, le sujet révolutionnaire s’incarne dans la classe ouvrière industrielle. Le prolétariat, par sa position dans les rapports de production capitalistes, est censé posséder une vocation historique : renverser la bourgeoisie et instaurer une société sans classes. Marx et Engels, dans le Manifeste du Parti communiste, définissent ce sujet par sa conscience politique et sa capacité d’organisation collective.
Avec Frantz Fanon, le sujet révolutionnaire se déplace vers les peuples colonisés. Dans Les Damnés de la Terre, la lutte révolutionnaire ne vise plus seulement la domination économique, mais aussi l’aliénation psychologique et culturelle. La violence devient le moyen paradoxal de réhumanisation des dominés. Fanon révèle ainsi une autre modalité de la subjectivation politique, enracinée dans l’histoire coloniale.
Michel Foucault, quant à lui, rompt avec toute essentialisation du sujet révolutionnaire. Pour lui, le sujet est un produit des rapports de pouvoir, toujours situé, fragmenté, et constitué par des processus de subjectivation. La révolution devient un enchevêtrement de résistances et de pratiques locales, plus qu’un grand récit linéaire.
II. Le…
Auteur: Emmanuel KOSADINOS