Le temps presse, laissez-nous parler d'écologie à nos élèves

Le collectif Enseignant·es pour la planète a été créé en 2019. Il réunit des professionnels de l’éducation, de la maternelle au supérieur, qui veulent faire entrer l’écologie dans la culture enseignante et dans les pratiques pédagogiques.


Il y a trois ans, nous faisions paraître notre premier appel, signé par plus de 7 000 collègues. Nous, enseignant·es, pour la plupart fonctionnaires d’un service public voué au bien de tous et toutes, formé·es à l’esprit critique et résolument à l’écoute de la science et de ses avancées, nous avions déclaré que nous refusions dorénavant de dispenser un enseignement éloigné des conclusions auxquelles étaient déjà arrivés des milliers de scientifiques : enseigner la croissance et la productivité sans enseigner les ravages constatés de l’extractivisme, enseigner l’urbanisation sans enseigner la raréfaction des terres agricoles, enseigner comme si des changements individuels de comportement pouvaient suffire à changer la donne.

Sur ce terrain, nous n’étions pas seul·es. Avec les jeunes qui, depuis, ont constitué la Génération Climat, et les syndicats de l’éducation (SNES, SUD, etc.), nous avons lancé l’Appel pour la débitumisation des cours d’école.

Un frémissement a eu lieu, mais si léger : verdissement des programmes dans le primaire et le secondaire (programme de SVT sur les services écosystémiques, de physique sur le réchauffement climatique), injonction à élire des écodélégués dans les classes… Et il a vite été contrebalancé par des signes radicalement contraires : une numérisation à outrance de l’enseignement alors que la pollution liée au numérique est de mieux en mieux connue, un développement des partenariats avec les entreprises polluantes ou leurs lobbyistes (Amazon pour le stockage des copies numérisées, Interbev pour la promotion de l’alimentation carnée, E.Leclerc pour l’organisation de clean-walk sponsorisées, etc.).

Grève pour le climat à Bruxelles, le 31 janvier 2019. © Mathilde Dorcadie/Reporterre

Une éducation à l’écologie

Derrière le fard du greenwashing, l’Éducation nationale continue d’être pensée et dirigée comme un univers hors-sol, dans lequel la question des périls écologiques semble lointaine, au mieux incomprise, au pire méprisée.

En sciences appliquées ou en économie, les idées de décroissance ou de low-tech sont discréditées : c’est le modèle du développement durable qui domine, selon le vœu de la

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Auteur: Reporterre