Le tétralemme révolutionnaire et la tentation autoritaire

Nos lectrices et lecteurs se souviennent certainement de Michalis Lianos, sociologue dont nous avions publié les brillantes analyses au moment du mouvement de Gilets Jaunes qu’il a suivi de très près

Dans ce nouveau texte d’analyse, Michalis Lianos nous propose cette fois de comprendre les différents dangers de normalisation auxquels sont exposés les participants aux mouvements, et les formes d’expérimentations politiques qui s’y développent, selon qu’elles soient articulées à des volontés de changements spécifiques ou de bouleversements structurels.

En adoptant une perspective qui vient éclairer plusieurs angles morts des travaux de recherches en sciences sociales sur les mobilisations collectives, le sociologue identifie à la fois ce qui renforce, en précisant leur connaissance de la nature et des moyens du pouvoir, celles et ceux qui continuent de s’organiser après la fin d’un mouvement ou sa défaite, et les issues délétères de certaines formes de repli, idéologique ou communautaire, qui peuvent se dessiner lorsque se pose la question d’un changement radical de nos modes d’existence.

Un problème à quatre solutions : ça s’appelle un tétralemme.

Le centre politique se contracte. Citoyen.ne.s et analystes n’avaient pas compris que le supposé triomphe de la « République en Marche » en 2017 était en effet la conséquence d’une réalité pourtant évidente : même la magie omnipotente d’un système ‘majoritaire’ ne pouvait plus entretenir deux partis politiques centristes qui pourraient prétendre au pouvoir. Le centre s’effondrait sous les applaudissements des centristes de droite et de gauche, enivrés par leur vision modernisatrice, supposée performante, autant sur le plan social que sur le plan gestionnaire.

Sans surprise, les augures de grands changements dynamisants ont été démentis sur le plan social. Mais cela a ajouté aux attentes déçues d’une couche de population qui observait cette fois les évolutions avec un vrai espoir et un instinct de survie activé. Porteurs de l’identité du « peuple », les Gilets jaunes ont démontré par leur présence que la partie populaire des consentants à l’alternance partisane au gouvernement, mettait désormais fin à sa tolérance. Les classes modestes qui tenaient à ‘vivre dignement de leur travail’, sans assistance et avec la fierté de pouvoir influencer sensiblement le sort du pays, comprenaient maintenant qu’elles n’étaient plus indispensables à cette nouvelle recomposition bourgeoise. Comme les couches…

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Auteur: lundimatin