Le totalitarisme numérique de la Chine menace toute la planète

Celia Izoard est journaliste au sein de la revue Z et de Reporterre. Dans ses enquêtes et ses analyses, elle élabore une critique des nouvelles technologies au travers de leurs impacts sociaux et écologiques. Son dernier ouvrage Lettre aux humains qui veulent robotiser le monde — Merci de changer de métier vient de paraître aux éditions de la Dernière Lettre.


Il y a dix ans, la presse internationale a fait connaître au monde entier l’existence d’une vague de suicides d’ouvriers chez Foxconn, géant mondial de l’électronique implanté en Chine, dont les usines produisent la plupart du matériel informatique que nous utilisons. Le désespoir de ces jeunes surexploités dans des bagnes high-tech a jeté une lumière crue sur le coût humain de l’économie immatérielle célébrée par tous les dirigeants. Une telle information pourrait-elle, aujourd’hui, parvenir jusqu’à nous ? Difficilement. C’est la conclusion à laquelle on arrive après avoir lu Dictature 2.0, l’essai de Kai Strittmatter (aux éditions Tallandier), ancien correspondant du Süddeutsche Zeitung à Pékin.

Scène de la vie quotidienne en Chine : « Il arrive que l’on constate soudain, pendant un chat, que la discussion perd toute espèce de sens : c’est que certains termes sont effacés automatiquement par WeChat dans les échanges entre l’émetteur et le récepteur sans qu’aucun des deux n’en ait été informé. » Les listes de mots interdits sur les réseaux sociaux sont actualisées chaque jour par les autorités de la censure de Pékin. En 2018, quand la Constitution a été modifiée pour permettre à Xi Jinping de devenir président à vie, la liste de ces mots allait de « accession au trône » et « louez l’empereur » à « Winnie l’ourson », qui avait été utilisé pour désigner le chef de l’État en contournant la censure. Proscrite également, l’expression « pas d’accord » : « Quiconque tentait d’entrer ces…

Auteur: Celia Izoard Reporterre
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