« Le tourisme de la dernière chance » menace les derniers havres préservés de la planète

Si le cynisme et l’inconscience réunis étaient un phénomène, ce serait sans doute le « tourisme de la dernière chance ». Pressés par l’urgence de voir un site naturel avant qu’il ne disparaisse, c’est ce qui pousse chaque année des centaines de milliers de visiteurs à la Grande Barrière de Corail, qui n’est déjà plus que l’ombre d’elle-même, jusqu’aux calottes polaires et glaciers. Parmi ces derniers, la Mer de Glace est en passe de devenir un mausolée aussi célèbre que le Taj Mahal.

Le tourisme de la dernière chance est une pratique touristique consistant à « Visiter des lieux dans l’objectif de les voir avant qu’ils ne disparaissent », au premier rang desquels on trouve les glaciers. Cette pratique est paradoxale car elle a des impacts négatifs sur des sites déjà fragiles, mais peut en même temps servir à générer des revenus pour les populations locales.

La fermeture des frontières et des vols internationaux en temps de Covid a ainsi permis à la faune et la flore de prospérer dans des endroits habituellement pris d’assaut. Mais elle a aussi précarisé une immense partie de la population mondiale dépendant du tourisme pour avoir des revenus.

« Ce paradoxe, on le retrouve d’une certaine façon chez les visiteurs. Plus ils ont conscience de l’impact du changement climatique et plus ils vont être disposés à parcourir des milliers de km pour voir un site, reflet direct de la fameuse dissonance cognitive qui entraîne un déséquilibre entre le comportement d’un individu et ses croyances. Ils veulent comprendre le retrait glaciaire, comprendre les implications du changement climatique, l’urgence de voir le glacier avant qu’il ne disparaisse et l’envie de témoigner des changements environnementaux en cours. » explique Emmanuel Salim, doctorant au laboratoire Edytem

Parmi les sites privilégiés par ces touristes : les îles Galápagos, la Grande Barrière de Corail, l’île de Pâques, mais aussi l’Antarctique et les glaciers, premières victimes et principaux témoins du dérèglement climatique. Le phénomène, s’il est de plus en plus populaire, est loin d’être nouveau.

Des Canadiens avaient ainsi étudié les pratiques touristiques de Churchill, une ville du pays proposant des visites de la population locale d’ours polaires en déclin. Leur étude a révélé que plus les ours étaient vulnérables, plus les visiteurs affluaient pour voir ces ours émaciés par la faim.

Dans une autre étude menée en 2016 sur la Grande Barrière…

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Auteur: Laurie Debove