« Le tout-technologique ne sauvera pas les coraux »

Dissimulés sous les eaux chahutées des océans, les récifs coralliens luttent actuellement pour leur survie. Le 15 avril, l’agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) a signalé qu’un nouvel épisode massif de blanchissement des coraux était en cours. À ce jour, 30 à 50 % de ces récifs ont déjà péri du fait des précédentes vagues de chaleur et des pressions humaines.

Directrice de recherche à l’IRD, rattachée au laboratoire Locean, Aline Tribollet étudie le devenir de ces espèces, confrontées au changement climatique, dans l’océan Indien. Auprès de Reporterre, elle détaille les terribles conséquences – pour la biodiversité et les humains – de leur disparition progressive.

Reporterre — L’épisode de décoloration des coraux actuel est-il rarissime ?

Aline Tribollet — Les récifs coralliens affrontent le quatrième événement mondial majeur de blanchissement jamais enregistré. Les précédents datent de 1998, 2010 et 2016. Ces épisodes sont de moins en moins rares. Sous l’effet du changement climatique, les anomalies de température de l’eau à la surface deviennent de plus en plus positives. Or, ces vagues de chaleur marine font terriblement souffrir les coraux, et par là même, les récifs.

Les taux de mortalité corallienne sur la Grande Barrière australienne l’ont érigé en triste emblème. Certains récifs y ont perdu jusqu’à 100 % de leurs coraux. Toutefois, ces phénomènes de décoloration sont aussi observés en Floride, dans les Caraïbes, au Brésil, dans le Pacifique Sud et le Pacifique tropical oriental, ou encore ici, dans l’océan Indien et notamment à Mayotte.

Quels mécanismes concrets entraînent ces pertes de couleur ?

Partons du commencement. Les coraux sont des animaux appartenant à l’embranchement des Cnidaires, au même titre que les méduses et les anémones. Lors d’une période particulière, liée à la Lune, les coraux émettent des…

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Auteur: Emmanuel Clévenot