Le ventriloque et les Deep Fakes : Hôtel du temps suspends ton vol (de visages)

France Télévision a récemment dévoilé le concept de la prochaine émission de Thierry Ardisson. Cela s’appellera « Hôtel du temps » et il s’agira d’interviewer des personnalités … décédées, à grand coups « d’intelligence artificielle » donc.

Pour le premier teaser de l’émission on croise Mitterand, Garbo, Gabin et Lady Di. Les cimetières sont infinis. De ce que j’en ai lu, il s’agira de « faire parler » les morts mais pas de les faire mentir. Pas tout de suite en tout cas. « On s’est basé uniquement sur des propos vraiment tenus » explique Ardisson. L’étape suivante consistera à leur faire prononcer des discours qu’ils n’ont jamais tenu. Et cette étape se produira nécessairement. Probablement pour la Saison 2 de cette émission si le concept fonctionne en termes d’audience. La technologie est prête. Comme tout le reste d’ailleurs. « Pour que le désespoir même se vende, il ne reste qu’à en trouver la formule » chantait Ferré. Là aussi tout est prêt.  

Quelques jours avant l’annonce de France Télévisions, c’est un documentaire de Morgan Neville qui créait la polémique outre-manche. Titré « Roadrunner: A Film About Anthony Bourdain » et consacré au chef cuisinier Anthony Bourdain, le documentaire utilise des Deep Fakes pour le faire parler et lui faire prononcer des mots qu’il avait écrits mais qu’il n’avait jamais « prononcés ». L’article du New Stateman parle d’un « champ de mine éthique » pour toute l’industrie cinématographique. 

Placement de produits mortels.

A l’occasion de la sortie plusieurs fois repoussée du dernier opus de la série James Bond, on apprenait que ces délais étaient un ravage en terme de placement de produits pour les marques : en effet entre le moment du tournage et de la sortie en salle (prochaine et donc déjà au moins 2 fois repoussée), les montres, voitures, smartphones notamment n’étaient plus les « derniers modèles ». Et leur dimension « promotionnelle » s’en trouvait donc fortement atténuée en termes de prescription. Certaines scènes seront donc « rééditées » pour remplacer lesdits produits obsolètes par une version plus actuelle. Imagine-t-on le général De Gaulle mis en examen et James Bond se servant d’un smartphone qui ne serait pas le dernier modèle ? Nope. 

Avec les émissions ou les films qui font parler les morts, le cinéma et la télévision s’ouvrent certes un champ de mine éthique, mais le placement produit et le marketing s’ouvrent un champ commercial tout à fait inédit et quasiment infini. Pour prendre l’exemple de l’un des artistes présents dans la bande-annonce…

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Auteur: olivierertzscheid Olivier Ertzscheid