« Le véritable assistanat, ce sont les subventions accordées aux entreprises fossiles »

Lors de la Fête de l’Huma, Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste, provoquait l’ire de la gauche en opposant « la gauche du travail » à « celle des allocations ». Selon Éric Coquerel, Fabien Roussel reprend un « vocabulaire de droite » et « pour le coup, parle comme Emmanuel Macron ». Pour le socialiste Olivier Faure, « on ne peut pas laisser penser qu’il y a des gens qui feraient le choix de l’inactivité. Ça peut arriver (…) mais ils sont minoritaires ». Sandrine Rousseau, la députée écologiste, a elle défendu un « droit à la paresse ». Car dans une société écologique, « on se pose, on prend le temps du lien, on prend le temps du soin et on prend le temps en fait d’être heureux ».

Selon le philosophe Aurélien Berlan, auteur de Terre et liberté (2021), la gauche s’est laissée illusionner par la promesse de délivrance du travail grâce aux machines. Pour lui, la véritable émancipation est dans la « reprise en main de nos conditions de vie en tâchant de pourvoir nous-mêmes à nos besoins ».



On oppose la « gauche des allocations » de Roussel au « droit à la paresse » de Rousseau. Elles ne sont, en réalité, pas opposées selon vous.

Oui car ces deux alternatives présupposent un même cadre de pensée qui, lui, n’est pas questionné : ce qu’on pourrait appeler le paradigme industrialiste. Les positions respectives de Sandrine Rousseau et de Fabien Roussel sont peu ou prou celles qui s’affrontent, dans la gauche industrialiste, depuis plus d’un siècle. La première consiste à dire que « le socialisme, c’est travailler beaucoup », selon la formule du premier chancelier social-démocrate allemand Friedrich Ebert. Il s’agissait alors de valoriser le travail, à la fois parce qu’il fallait reconstruire le pays après la Première Guerre mondiale, mais aussi par identification (et mythification) de la figure sociale et révolutionnaire du travailleur et plus précisément de l’ouvrier d’usine. En suivant cette ligne de pensée, le socialisme se retrouve pourtant en parfaite adéquation avec l’idéologie capitaliste, qui valorise le travail et la productivité comme des fins en soi.

La seconde position de gauche, c’est l’idée que grâce au développement industriel, on aboutira à une société d’abondance dans laquelle nous serons toutes et tous, au final, délivrés du travail. C’est par exemple ce que soutient le gendre de Karl Marx, Paul Lafargue, dans Le droit à la paresse (1880), qui se conclut par l’idée que la…

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Auteur: Reporterre