Le virus et les affordances.

Le numérique comme pandémonium de la pandémie. Tous les démons réunis. De celui de la surveillance à celui de la déshumanisation. Il est étonnant ce virus. Dans ce qu’il dit, permet, autorise et légitime de notre rapport au numérique à proportion de ce qu’il interdit, ne permet plus, délégitime dans notre rapport aux autres hors numérique.

Il est étonnant ce virus. D’abord il s’attaque (parfois) aux deux seuls sens que le numérique ne permet pour l’instant pas de « reproduire » : le goût et l’odorat. Privés de goût et d’odorat, l’expérience sensorielle du numérique est alors pleine et pleinement palliative (même si le toucher n’est pas aujourd’hui répandu, les interfaces dites haptiques existent bien qu’encore réservées à certains usages professionnels ou parfois ludiques). Le monde d’après était tout entier dans le numérique du jour d’avant la pandémie.

Il est étonnant ce virus. Il interdit le contact physique et permet donc aux stratégies et plateformes numériques palliatives de prendre un sens et une place inédite. Mais le « télétravail » interdit toute forme d’aléatoire, de stochastique de la rencontre qui est à la base d’une sociabilité pleine. Déjà nos chemins numériques avaient davantage des allures plus carcérales que récréatives. Le monde d’après était tout entier dans le numérique du jour d’avant la pandémie.

Il est étonnant ce virus qui transforme chaque place publique en espace privé. Et chaque espace privé en conversation publique technologiquement médiée. Si cela reste acceptable pour des apéros skype, cela devient éminemment plus problématique quand il s’agit d’enjeux professionnels. Et là encore il n’est pas neutre ou anodin que ce soit Facebook ou Google qui aient été parmi les premières entreprises à annoncer le prolongement de ce temps de télétravail, et que Twitter soit le premier à annoncer qu’indépendamment de la fin de l’épidémie (ou pas) il laisserait la possibilité à ses employés de demeurer « définitivement » et « à vie » en télétravail.

Mark Zuckerberg a…

Auteur : olivierertzscheid
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