Le voyage comme philosophie du lien au monde

Pour faire un beau voyage, on peut embarquer pour un tour du monde, on peut aussi se contenter de suivre des yeux les envolées d’une feuille au gré du vent, et redécouvrir le silence, porte ouverte sur la plénitude. Qu’importe la destination, pourvu qu’on « instaure une puissance de relation avec le monde », soutient Émeric Fisset, le créateur de la Petite Philosophie du voyage aux éditions Transboréal. Une conception qui imprègne son Ivresse de la marche, récit d’une traversée en solitaire de l’Alaska sans assistance, et l’ensemble du catalogue de cette collection.

Elle comptera bientôt soixante titres, qui « représentent toutes les formes de voyage », explique l’éditeur : le voyage intérieur, celui qui permet de redécouvrir la puissance de l’imaginaire ou les relations privilégiées (Le Voyage immobile ; Le Prodige de l’amitié) ; le voyage que l’on peut faire à travers des pratiques sportives ou des modes de déplacement (L’Extase du plongeur ; Le Tao du vélo) ; des univers culturels (L’Écho des bistrots, L’Esprit du geste) ; des écosystèmes (Le Murmure des dunes, L’Hymne aux oiseaux) ; voire en réfléchissant sur le voyage lui-même (L’Appel de la route, L’Écriture de l’ailleurs)…

« La forêt est un espace habité, au sens biologique du terme, au sens également de toutes les strates et ramifications de mythologies, légendes, mystères, contes et cultes qui prennent la consistance d’un humus profond dans lequel, à notre tour, nous sommes invités à enraciner notre légende personnelle, c’est-à-dire à exister par nous-mêmes », Rémi Caritey, Le Vertige des forêts. © Rémi Caritey

On aura d’autant plus de plaisir à s’enfoncer dans ces brefs mais denses récits (une centaine de pages) qu’ils sont écrits par des « passionnés plutôt que par des intellectuels », dit Marc Alaux, coéditeur. Des personnes qui connaissent bien le terrain et nous offrent la joie d’immersions ressenties, documentées et méditées. C’est le cas des auteurs férus de nature dont nous allons explorer les livres. Notamment Anne-Laure Boch, neurochirurgienne et alpiniste amatrice (L’Euphorie des cimes), Rémi Caritey, photographe et grimpeur-récolteur (Le Vertige des forêts), Émeric Fisset, éditeur et grand voyageur (L’Ivresse de la marche), ou Christophe Houdaille, navigateur solitaire (Le Chant des voiles). Tous nous racontent pourquoi, dans ces territoires sauvages (selon le dictionnaire, « qui n’ont pas subi l’action humaine »), ils se sentent…

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Auteur: Reporterre