Le vrai nom du « second confinement »

Depuis l’annonce et l’instauration du passe sanitaire, le débat sur cette mesure d’exception porte essentiellement sur son caractère discriminatoire, c’est-à-dire sur ce dont il prive toutes celles et ceux qui refusent l’obligation vaccinale : terrasses, cinémas, TGV, etc. Est-il acceptable de réduire les droits et libertés de celles et ceux qui ont peur du vaccin, refusent le chantage de l’État ou voient dans l’unanimité de la communauté scientifique un complot judéo-maçonnico-reptilo-illuminati ?
On discute donc beaucoup du tri opéré par le passe sanitaire dont la fonction est précisément et ouvertement de… trier. Ce dont on parle moins, c’est de ce que produit ce laisser-passer sur la majorité de la population. Ces mille frontières invisibles que nous devons désormais nous habituer à franchir en sortant notre téléphone portable pour bipper notre autorisation à accéder à tel ou tel lieu ou moyen de transport, ces milliers de serveurs, personnels d’accueil de piscines, d’hopitaux ou autres équipements collectifs, acculés à contrôler notre conformité. Le passe sanitaire n’opère pas seulement sur celles et ceux qu’il exclut, loin de là, il reconfigure tout autant le rapport au monde de toutes celles et ceux qu’il inclut. Nous reproduisons ici cet excellent Exercice d’interruption de la communication que nous avions publié le 9 novembre 2020 lors du second confinement et que l’actualité a très largement rattrapé. Dans la confusion généralisée, c’est une pierre parmi d’autres pour essayer d’y voir plus clair et penser ce qu’il est en train de nous arriver.

Gare Saint-Lazare, une vingtaine de mètres avant les quais, on a aligné une rangée serrée de grands portiques aux battants transparents. Ils servent à séparer la gare de la galerie marchande qui s’y niche, boulevard de vitrines où la féérie des escalators monte avec lenteur des puits du métro. Agencement assez simple, basique même : flux, marchandises, contrôles ; circuler, acheter, pointer. Sauf que ces portiques ne contrôlent rien.

C’est frappant dès qu’on aborde leur ligne policière : certes, il faudrait bien scanner son-billet-nominatif-en-cours-de-validité, mais ils sont si larges, si lents à se refermer, ces portiques, qu’on a presque la place pour passer à deux de front, et tout à fait le temps pour se glisser tranquillement derrière, sans rien coller du tout. Evidemment, c’est qu’à l’impératif du contrôle, s’est rajouté celui de laisser passer les valises et les…

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Auteur: lundimatin