L’économie russe dans la guerre : pas d’effondrement, mais une érosion notable

Au terme d’une année de guerre, les évolutions entrevues dès les premiers mois du conflit se confirment : l’économie russe échange moins avec le reste du monde, elle se désoccidentalise, l’État augmente son emprise sur l’économie nationale et les activités militaires absorbent une part croissante des ressources disponibles.

Pour l’analyste, ces évolutions sont surplombées par les restrictions imposées par les autorités à la publication des données économiques, dont certaines sont délibérément floutées, tandis que d’autres sont « retravaillées ». Dans ces conditions, une analyse rigoureuse de la conjoncture russe sur sources ouvertes est bien sûr plus difficile, mais reste possible.

Au-delà des sanctions, l’économie de guerre dans laquelle s’installe la Russie n’est pas sans conséquence sur ses entreprises et sa population. La question centrale est celle de la capacité de l’économie à maintenir ses principaux mécanismes de coordination dans les conditions d’une rupture de ses liens avec nombre de ses partenaires historiques.

À cela s’ajoutent de nouveaux déséquilibres intérieurs et extérieurs provoqués par la guerre et les sanctions internationales. Jusqu’à présent, le secteur productif, tout comme les ménages et les pouvoirs publics, ont démontré de réelles facultés d’adaptation : les véritables ruptures d’activité n’ont concerné que quelques secteurs. L’économie russe a donc résisté pour l’instant. Il s’agit ici d’estimer dans quelle mesure cette résistance est susceptible de durer.

La demande globale : reconfiguration extérieure, atonie intérieure

À l’extérieur de la Russie, le trait marquant de l’année 2022 a été la résilience des économies européennes face au choc de la guerre en Ukraine.

Malgré l’emballement initial des prix internationaux de l’énergie et des matières premières alimentaires, malgré le relèvement des taux d’intérêt directeurs des banques centrales pour contenir l’inflation, la croissance de l’UE a atteint 3,5 % en 2022.

Cela a contribué à maintenir un niveau de demande significatif pour les produits russes, en dépit des sanctions. Toutefois, le rôle du facteur géopolitique ne doit pas être sous-estimé : les graphiques 1 et 2 montrent que la décrue des prix du pétrole est postérieure à celle des importations de l’UE en provenance de la Russie. Cela reflète à la fois la réaction…

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Auteur: Julien Vercueil, Professeur des universités en sciences économiques, Centre de recherche Europes-Eurasie (CREE), Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco)