La courte histoire des variétés rendues tolérantes aux herbicides (VRTH), destinées à faciliter le désherbage, ressemble à la chronique d’un échec annoncé. La nouvelle étude publiée dans Weed Research le 11 janvier 2022 sur les variétés de tournesol résistantes aux herbicides cultivées en France ne relate pas autre chose. Conduite par l’Anses et l’Inrae, les résultats montrent que la culture de ces variétés s’accompagne d’une utilisation accrue d’herbicides. « Comme on le craignait, et comme l’Anses l’avait pointé dans son analyse de risques en 2020, les VRTH se sont accompagnées d’une augmentation du nombre de doses d’herbicides utilisés dans les cultures », souligne Guillaume Fried, premier auteur de l’étude et chargé de projet recherche à l’Anses.
Les VRTH sont des variétés de plantes agricoles rendues volontairement tolérantes aux herbicides à l’aide de modifications génétiques ciblées. Depuis leur apparition sur le marché français en 2009, ces variétés sont dans le collimateur des associations paysannes et écologiques, mais aussi de l’Anses. Les tournesols VRTH sont résistants à deux herbicides, l’imazamox et le tribenuron.
Une technique déjà obsolète
Le comble est que cette augmentation des herbicides ne s’accompagne pas d’une réduction de l’ambroisie, une plante envahissante particulièrement problématique pour la culture de tournesol. L’ambroisie est parfois même plus présente dans les champs des VRTH que dans les cultures conventionnelles. L’étude montre que le problème est moins les VRTH elles-mêmes que les pratiques agricoles qui lui sont associées : celles-ci font l’impasse sur d’autres formes de lutte contre les mauvaises herbes. « L’utilisation des VRTH peut donner une fausse confiance dans une seule méthode de lutte chimique au détriment d’autres pratiques connues et efficaces », dit Guillaume Fried. Dans les cultures conventionnelles, les herbicides sont souvent associés à des rotations avec une plus grande diversité de cultures, ce qui limite le développement de l’ambroisie.
Autre problème, les herbicides deviennent inefficaces à cause de la résistance développée par l’ambroisie. Une résistance retrouvée sur une des quinze parcelles analysées dans le cadre de cette étude. Selon une autre étude publiée en 2021, cette résistance de l’ambroisie à l’imazamox et le tribenuron est aujourd’hui retrouvée dans toutes les régions où la plante est fortement présente (Rhône-Alpes,…
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Auteur: Magali Reinert Reporterre