Un entretien avec l’historien israélien Benny Morris est paru dans un journal allemand (Frankfurter Allgemeine) le 20 juin dernier. La Revue K en a publié une traduction française dans son édition du 25 juin. Morris y aborde successivement l’opération militaire israélienne en Iran (l’entretien est paru la veille de l’intervention nord-américaine), la guerre à Gaza, des points d’histoire relatifs à la situation en Palestine dans les années 1930-1948, enfin l’état politique de la question israélo-palestinienne. Ayant analysé précédemment dans LM le délire antisioniste d’Andreas Malm, je me propose ici d’analyser le délire sioniste de Benny Morris. Ainsi, l’état des lieux du délire antagonique sioniste/antisioniste sera provisoirement esquissé, à défaut d’en présenter un tableau clinique exhaustif.
Le délire de Morris – j’entends par là le « trouble psychique d’une personne qui a perdu le contact avec la réalité, qui perçoit et dit des choses qui ne concordent pas avec la réalité ou l’évidence, quelle que soit leur cohérence interne » – ne se manifeste pas tout au long de l’entretien, ce qui le rend particulièrement intéressant, en ce sens que la tonalité est rigoureusement la même, qu’il avance des propos sensés, voire affûtés, ou délirants. Ainsi, la phase délirante ne débute à proprement parler que suite à une question du journal allemand relative à Gaza : « Israël commet-il un génocide à Gaza ? ». C’est alors que l’historien israélien commence à chavirer. Voici sa réponse :
BM : Je ne suis pas spécialiste du génocide, mais j’ai écrit avec Dror Ze’evi un livre sur le génocide turc des Arméniens, des Grecs et des Syriens entre 1894 et 1924. Je sais à quoi ressemble un génocide. Un génocide doit être organisé par l’État, être systématique et avoir un objectif précis. Et il doit y avoir une intention réelle d’exterminer un peuple. Or,…
Auteur: dev