L'Élysée soutient en catimini le projet de méga-mine d'or

Cayenne (Guyane), correspondance

Voilà des années qu’il s’y oppose, certes mollement. Mais le gouvernement n’a, en réalité, pas enterré le projet minier Montagne d’or. Début septembre, la compagnie minière annonçait « un nouveau projet Montagne d’or », suscitant une vague d’inquiétude parmi les opposants. Le député écologiste du Maine-et-Loire, Matthieu Orphelin, a alors demandé au président de la République de clarifier la position française sur ce projet. Dans sa réponse en date du 21 septembre, et que publie Reporterre, l’Élysée affirme que la nouvelle version du projet « n’est pas de nature à modifier la position du gouvernement » et que « le chef de l’État et le gouvernement sont opposés au projet Montagne d’or tel qu’il a été déposé ». Mais — et là est la subtilité — l’Élysée ne ferme pas la porte à un projet Montagne d’or remanié qui respecterait les nouvelles dispositions du droit minier contenues dans la loi Climat adoptée le 22 août.

Donc, si le projet respecte les prescriptions de la loi, il sera autorisé. Ce qui est en contradiction avec la déclaration en mai 2019 du ministre de la Transition écologique, François de Rugy, qu’avait confirmée ensuite sa secrétaire d’Etat, Brune Poirson : « Le projet ne se fera pas ». L’Élysée revient donc sur le choix gouvernemental affirmé naguère.

De plus, la loi Climat évoquée par la présidence de la République contient des mesures transitoires qui font qu’elle ne pourra pas s’appliquer à des dossiers en cours d’instruction comme celui de Montagne d’or. Le gouvernement ne se donne même pas les moyens de limiter les dégâts : la loi qu’il a lui même adopté ne lui donne aucun moyen de pression sur la compagnie minière. « Par ces mesures transitoires, le gouvernement s’est privé de la possibilité de faire application du nouveau texte » sur le dossier Montagne d’or, résume Olivier Gourbinot, juriste pour France Nature Environnement. Si le Conseil d’État venait à demander à l’administration de réexaminer l’octroi des concessions de la Montagne d’or, cela se ferait à partir de l’ancien droit minier duquel les considérations environnementales sont totalement absentes.

Contacté par Reporterre, le ministère de la Transition écologique ne nous a pas répondu.

Le Fonds mondial pour la nature (WWF) détaille qu’outre le déboisement total de 1 513 hectares, « l’extraction de l’or nécessiterait des milliers de tonnes d’explosifs et de cyanure et…

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Auteur: Hélène Ferrarini Reporterre