L'Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique

Qu’est-ce que la Françafrique ? « Il s’agit, selon nous », écrivent les quatre directeurs de cet ouvrage dans leur introduction (en page 14), « d’un système de domination fondé sur une alliance stratégique et asymétrique entre une partie des élites françaises et une partie de leurs homologues africaines. Cette alliance, héritée d’une longue histoire coloniale, mêle des mécanismes officiels, connus, visibles, assumés par les États, et des mécanismes occultes, souvent illégaux, parfois criminels, toujours inavouables. »

Cette introduction est titrée, ironiquement : « Françafrique, la mort lui va si bien », ce qui ne manque pas de détoner avec le titre du livre : L’Empire qui ne veut pas mourir. Les auteurs expliquent qu’en effet, « dans le courant des années 2000, un consensus s’[était imposé] en effet pour ne plus parler de la Françafrique qu’au passé. Si l’on conv[enai]t désormais que la Françafrique a[vait] bel et bien existé, elle n’[aurait plus été] d’actualité. » (p. 11) Comment cela fut-il possible ? Il faut pour le comprendre revenir à la popularisation du terme « Françafrique » (c’est la seule fois que nous le mettrons ici entre guillemets, contrairement à un usage trop répandu parmi celleux qui préfèrent les euphémismes aux descriptions brutales de réalités qui ne le sont pas moins). C’est la publication, en 1998, du livre La Françafrique. Le plus long scandale de la République, de François-Xavier Verschave, alors président de l’association Survie, qui fit connaître le terme (il existait déjà, mais n’était employé – dans un sens très différent – que par peu de gens, plutôt des politiques néocolonialistes, genre Mitterrand et son pote Houphouët-Boigny, exaltant les fructueuses relations entre L’Hexagone et le continent noir (fructueuses pour leurs gueules, hein, pas pour les petites gens, et surtout pas pour les ex-colonisé·e·s). « En rassemblant en un seul mot l’ensemble des mécanismes qui permettent à la France de perpétuer en Afrique des pratiques inavouables, sous les discours “vertueux” et les sempiternelles déclarations d’“amour”, le concept de Françafrique [permit] d’éclairer des phénomènes peu ou mal connus : les assassinats, la corruption, le clientélisme, les réseaux parallèles, les intermédiaires véreux, le soutien clandestin à des putschs et à des organisations mafieuses. Tout ce qui était masqué trouvait subitement une incarnation sémantique. » (p. 18-19) « Mais en…

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Auteur: lundimatin