On le trouve dans le Coca, les lessives, les détergents, les médicaments, les cosmétiques, l’industrie textile, pétrochimique et alimentaire, mais surtout dans les engrais (90% de la production). Cet ingrédient, c’est le phosphate transformé en acide phosphorique.
Enquête sur une industrie minière et chimique qui, depuis deux siècles, déplace ses activités selon les législations, laissant derrière elle une contamination souvent irréversible.
Née au milieu du XIXᵉ siècle aux États-Unis et en Europe, l’industrie chimique du phosphate a profondément transformé les pratiques agricoles. Pendant près de cent ans, ingénieurs, agronomes, scientifiques et industriels ont œuvré à la promotion des engrais phosphatés. Après la Seconde Guerre mondiale, leur usage se généralise. La « révolution verte » est amorcée. Mais derrière ce modèle agricole se cache une contamination massive de l’air, des sols et des masses d’eau aux métaux lourds et éléments radioactifs.
Si en Belgique, en Espagne et en France, les usines d’acide phosphorique, trop polluantes, ont progressivement fermé, abandonnant derrière elles leurs déchets, en Tunisie et au Sénégal, elles sont toujours en activité et continuent de contaminer irréversiblement les territoires.
Du minerai à l’acide phosphorique
« Pour fabriquer de l’engrais convoyé ailleurs, on nous empêche, nous, de cultiver. Ils détruisent l’agriculture, polluent l’eau et les sols », fustige Demba Fall Diouf, président du Réseau national des personnes affectées par les opérations minières (RNPAPOM).
Au Sénégal, près de 10% du territoire est dédié à l’exploration minière du phosphate. À une centaine de kilomètres de Dakar, les paysans du village de Tobène, excédés par l’accaparement de leurs terres, ont tracé à l’aide de petits…
Auteur: dev