L'en-même temps de l'image en marche

La présidence de Macron nous aura habitué à placer l’image et la communication au pinacle des vertus politiques. Cet article propose de revenir au coeur de cette partie, la plus visible du pouvoir macronien : l’image du président lui-même, et ce à travers une analyse du portrait officiel, qui résume à lui seul bien des aspects de son quinquennat. Bonne lecture.

Cette étude du portrait officiel d’Emmanuel Macron se propose d’actualiser les liens entre image et pouvoir. Si ces liens sont le fruit d’une construction ontologique, ils ne sont pas figés pour autant. L’effectivité particulière du pouvoir macronien reposerait d’abord sur ce que l’on se propose de nommer l’en-même temps de l’image. L’ambiguïté idéologique de Macron, reposant sur un braconnage d’idées de droite et de gauche, aurait été largement supportée par une ambiguïté iconique. Le candidat s’est appuyé sur sa carrière de banquier d’affaires chez Rothschild pour forger l’image d’un homme disruptif, au-delà des clivages politiques classiques. Une fois élu, la construction de son image officielle montre bien la statique et l’autorité du pouvoir de l’image et de l’image du pouvoir. « Macron a fondu un modèle absolutiste en un cadre où tous les codes et habits de la modernité conquérante étaient reproduits, du corps idéal au costume bien taillé en passant par l’humeur constante, l’ambition démesurée et l’incapacité à l’échec, et ce en une époque et une société où ces prestations ont une fonction ordonnatrice écrasante, le tout sans pour autant renoncer au moindre des attributs du pouvoir classique, tel que cela aurait dû lui être exigé, et que lui-même le promettait » (Juan Branco). L’élection de 2017 marquerait ce moment où la politique aura définitivement été dévoyée, réduite à une gestion d’entreprise, où l’image ne serait supportée que par une infrastructure marketing, où le corps politique ne serait qu’une coquille vide. Cependant, les changements opérés par Macron ne sont pas tant imputables à sa personne qu’à des changements sociétaux globaux. L’élection et la présidence d’Emmanuel Macron n’auraient fait qu’accélérer des phénomènes qui se manifestaient déjà mais qu’il aurait assumés sans vergogne et essentialisés. Dans le système global, l’image ne jouerait plus un rôle de représentation mais se constituerait en un environnement total qui tiendrait lieu de réalité. Ce décor totalisant masquerait le véritable lieu de la…

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Auteur: lundimatin