L'Enfer libéral

Nous traduisons ce lundi un texte de nos camarades d’Ill Will. Depuis les États-Unis où les occupations de campus en soutien à la Palestine se multiplient au même rythme que les arrestations de profs et les évacuations manu militari, Ian Allan Paul replace l’ordre libéral répressif en son lieu propre : dans le brasier, c’est-à-dire en enfer. En filant la métaphore d’une dévastation métaphysiquement sanctifiée de bonne conscience, l’auteur pose quelques évidences, à commencer par la plus grave : qu’un génocide ne s’arrête pas de lui-même.

L’ordre libéral qui supervise et administre le génocide en Palestine s’est construit par le mariage entre des valeurs égalitaires et une violence exterminatrice, sur l’association intime de droits prétendument sacrés et de l’enfer qu’ils déchaînent sur le monde. Il faut continuer de livrer des armes, tout en dénonçant et condamnant leur usage. Il s’agit de saluer les manifestations, tout en donnant l’ordre de les étouffer dans les lacrymogènes. Tout brûle donc deux fois, le carburant de la politique libérale et le carburant du carnage libéral, alimentant un brasier dont les feux se déchaînent toujours plus démocratiquement. S’il n’est pas nécessaire de résoudre la tension formelle entre ces idéaux abstraits et ces réalités violentes, c’est parce que le libéralisme repose sur le raffinement infini de cette contradiction. Pour chaque constitution sanctifiée, il y a un camp de détention qui ne fermera jamais ; pour chaque promesse d’égalité, il y a une économie qui impose ses hiérarchies cruelles à tous les domaines de la vie ; pour chaque droit du citoyen, une horde de policiers qui défile dans les rues, ivre de pouvoir.

L’ordre libéral est une posture de surplomb moral dans un monde où s’entassent décombres sur décombres et sous lesquels sont partout creusées des tombes. Il offre au regret et au remord l’occasion d’un bon…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: dev