Lénine et le contenu anticolonial de la révolution russe — Gianni FRESU

Dans un cadre où le communisme et le nazisme sont présentés comme des frères jumeaux, issus de la même dégénérescence totalitaire, le principal protagoniste de la révolution russe est généralement considéré comme l’origine de tous les fanatismes idéologiques modernes. Si le XXe siècle a été classé comme le siècle des horreurs, des dictatures et des totalitarismes, selon l’opinion dominante aujourd’hui, Lénine est l’archi-démon à qui l’on doit toutes les calamités et les horreurs d’un siècle sanglant.

Que l’histoire qui s’est ouverte avec l’assaut du ciel en octobre 17 ait connu des contradictions et des limites est incontestable, sinon notre raisonnement serait différent et porterait sur d’autres questions, sans devoir partir d’un fait incontournable : la défaite historique du socialisme. Cependant, même en tenant compte de cet épilogue et de ses nombreuses causes concomitantes, une plus grande historicisation du socialisme en général et des processus révolutionnaires qui ont enflammé l’Occident au XXe siècle aiderait à mieux comprendre ce siècle marqué par de grands drames, mais aussi par des conquêtes historiques dans l’histoire de la lutte pour l’émancipation de l’humanité.

La première hypothèse conceptuelle de la révolution de Lénine était que chaque pays atteindrait le socialisme à sa manière, en fonction de ses particularités économiques, historiques et culturelles. Conformément à cette perspective, Lénine est arrivé à la conclusion que la voie de son pays vers le socialisme devait être extrêmement différente de celle empruntée, ou imaginée, par les pays occidentaux.

À la base d’une telle conception des processus de transformation, on trouve le rejet du schéma unique et figé de modernisation et de transition du socialisme positiviste, qui ignorait totalement la réalité historico-territoriale du processus en cours et le protagonisme du sujet social de…

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Auteur: Gianni FRESU