Interrogé par la Tribune-dimanche le 16 mars, John Bolton, l’ancien conseiller à la sécurité nationale du gouvernement Donald Trump I, qui qualifie son ancien patron de « personnage aberrant qui cause des dégâts tous les jours », craint une probable « finlandisation » de l’Ukraine, après que Trump, « au lieu d’aider un pays victime, se soit rangé du côté de l’envahisseur ». Son refus d’offrir des garanties de sécurité à l’Ukraine donne à Poutine, dit-il, « l’impression d’avoir le champ libre ».
Guillaume Ancel, ancien officier, auteur récemment d’une « Petite leçon sur la guerre — comment défendre la paix sans avoir peur de se battre » (Éditions Autrement, 2025), estime qu’un éventuel cessez-le-feu reviendra à concéder définitivement un cinquième du territoire ukrainien à la Russie, ainsi que l’interdiction pour l’Ukraine de rejoindre le club de défense qu’est l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), comme cela a été conclu en sous-main depuis la mi-février : « Poutine a besoin de cette victoire pour le 9 mai 2025 – pour les quatre-vingtièmes commémorations de la grande victoire de l’URSS contre le nazisme ».
Lire aussi Hélène Richard, « Y a-t-il une menace russe ? », Le Monde diplomatique, avril 2025.
Les analystes du think tank d’ex-militaires La Vigie considèrent, dans un article du 16 avril, que, l’air de rien, une « grande stratégie » est à l’œuvre : renouant avec un « isolationnisme agressif », Donald Trump, en s’offrant ainsi à Vladimir Poutine — ancien épouvantail de l’Amérique démocrate, mais aussi républicaine à l’ancienne — cherche d’abord à écarter la Russie de la Chine (comme Kissinger avait tenté, en se rapprochant en 1972 de Pékin, d’écarter la Chine de l’Union…
Auteur: Philippe Leymarie