Les affrontements entre Palestiniens et Israéliens vus par les médias français — Philippe ARNAUD

Remarque 1. Ces affrontements se déroulent, en France, dans un contexte idéologique particulier : pour la première fois depuis la guerre froide, les positions politiques à l’égard de ce conflit sont bien polarisées entre droite et gauche. Autant la gauche a pris nettement parti pour les Palestiniens (sauf Manuel Valls et Anne Hidalgo… mais sont-ils de gauche ?), autant la droite s’est rangée comme un seul homme derrière Israël. J’entends par droite non seulement L.R. (la droite canal historique), mais aussi LREM (la nouvelle droite), et, de façon plus surprenante, le R.N. Je dis surprenant car, depuis des années, en matière de politique étrangère, l’extrême-droite s’est distinguée du reste de la droite par son attitude à l’égard de l’Europe, de la Russie, de l’OTAN, voire d’Israël (en raison d’un vieux fond maurrassien…), etc. Cette fois-ci, le R.N. s’est clairement prononcé pour Israël.

Remarque 2. Parmi les raisons possibles de cet alignement, il y a sans doute la conscience d’un parallélisme (un parallélisme recherché, un parallélisme voulu plutôt qu’un parallélisme réel) entre les situations française et israélienne. Tout se passe, en effet, comme si, dans l’esprit des sympathisants de droite, les Palestiniens étaient assimilés aux populations immigrées en France (d’autant plus que ces populations – comme, majoritairement, les Palestiniens) sont souvent musulmanes, car originaires des pays arabes, de Turquie, du Proche-Orient ou d’Afrique sub-saharienne). Les Palestiniens sont, en outre, comme les immigrés de France, plus pauvres que les Israéliens juifs. Ce qui est aussi le cas d’une autre population, toujours mise à l’écart, regardée avec suspicion, la « communauté des gens du voyage » (appelés péjorativement Gitans, Bohémiens, ou, aujourd’hui, Manouches). L’identification entre ces derniers et les Palestiniens de Gaza tient à ce que les « gens du voyage » sont nomades – et que les habitants de Gaza vivent souvent dans des « camps », comme des nomades. [Même si lesdits « camps » sont souvent des constructions en « dur »].

Remarque 3. L’identification des Palestiniens avec les immigrés (ou Français descendants d’immigrés) est d’autant plus aisée que c’est chez les uns et les autres que des individus se livrent à des actes de violence à l’égard de la population majoritaire. Pour un électeur du R.N. ou de L.R. (et peut-être pas seulement pour eux…) une section du Hamas qui expédie des roquettes sur Tel Aviv, une bande de jeunes immigrés qui tire…

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Auteur: Philippe ARNAUD Le grand soir