« Les aires protégées chassent les autochtones alors qu’ils ont un rôle essentiel pour la biodiversité »

Censée protéger la biodiversité, la politique des aires protégées entraîne de profondes violations des droits humains et des spoliations de terres sans commune mesure dans l’histoire récente, ainsi que la transformation touristique de lieux jusque-là préservés. Pour dénoncer cet état de fait, l’ONG Survival International a organisé un congrès alternatif à Marseille, « Notre terre ! Notre nature », en marge de l’événement de l’UICN. Dans cet entretien, Fiore Longo, directrice de l’antenne française de Survival International, nous explique les dérives du « colonialisme vert » et la « conservation-forteresse », pourquoi y mettre fin et donne des pistes pour une protection de la nature qui considère enfin l’espèce humaine comme une de ses parties intégrantes.

Accueilli du 3 au 11 septembre à Marseille, le congrès mondial de la nature se présente comme « le plus grand événement […] jamais organisé sur la biodiversité » : pendant dix jours, des milliers de scientifiques, associations, chefs d’État et d’agences gouvernementales doivent y évoquer les priorités mondiales de la protection de la nature et adopter plusieurs dizaines de résolutions. 

Au programme des discussions : la déforestation importée, la pollution plastique des milieux marins, la protection des loutres et des grands singes, les cours d’eau et les zones humides, les corridors biologiques, les conflits d’intérêts relatifs aux produits phytosanitaires, mais aussi le droit de l’environnement et la prévention des pandémies…

Organisatrice du congrès, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), énorme ONG environnementale, souhaiterait orienter, par son événement, les décisions qui seront prises à Glasgow (Écosse) en novembre, lors de la COP26 sur le climat, et à Kunming (Chine) au printemps prochain, pour la conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15).

Outre les solutions fondées sur la nature (SfN) et la restauration de 20 % des écosystèmes prioritaires, la création de nouvelles « aires protégées » constitue sans doute la mesure phare du projet de cadre mondial des Nations unies, qui doit être adopté au terme de la COP15 et sur lequel tente de peser l’UICN.

Les aires protégées couvrent actuellement 17 % des terres et près de 8 % des mers. L’objectif serait de protéger 30 % de l’ensemble de la planète d’ici 2030 (d’où le nom « d’objectif 30×30 »). La France a d’ores et déjà passé le cap, en…

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Auteur: Augustin Langlade