Les ammonitrates, des produits banals à haut risque

18 juin 2021 à 09h46,
Mis à jour le 18 juin 2021 à 10h46

Durée de lecture : 5 minutes

Agriculture
Pollutions

4 août 2020 au Liban. Il était 18 heures lorsqu’une gigantesque explosion dévasta le port de Beyrouth, faisant autour de 200 morts et plus de 6 500 blessés. Le coupable : les 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées sans grande précaution sur les quais. Cette catastrophe a suscité un émoi international — notamment en France : en 2017, le pays a importé 332 694 tonnes de nitrate d’ammonium et 823 727 tonnes de nitrate d’ammonium calcique rien que pour les besoins de l’agriculture, selon l’Agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO). La France est même le premier consommateur de nitrate d’ammonium agricole en Europe.

Dans la foulée, les ministères de la Transition écologique et de l’Économie ont commandé un rapport afin d’évaluer les risques liés au transport et au stockage de ces produits hautement explosifs, notamment dans les ports. Publié en mai et retrouvé par Actu Environnement, le document pointe de nombreuses lacunes comme le déchargement annuel de 17 000 tonnes dans le port d’Elbeuf (Seine-Maritime) « qui ne font l’objet d’aucune prescription et d’aucun contrôle », souligne le site. Ou encore le stockage de 480 tonnes dans le port de Strasbourg sans que les autorités en soient averties. De nombreuses insuffisances dans l’application de la réglementation sur les installations classées ont également été relevées.

Le rapport préconise de mieux informer les agriculteurs des risques encourus, et d’interdire la vente en vrac des ammonitrates haut dosage. Pixabay/CC/flockine

Ces constats n’étonnent pas Paul Poulain, spécialiste des risques industriels et de la sécurité incendie, auditionné pour ce rapport. « Il n’y a que 1 350 inspecteurs à temps plein et ils manquent de temps pour bien faire leur travail. D’autant que lorsque les industriels savent qu’il y a une inspection, ils cachent ce qu’ils ne veulent pas montrer », dit-il à Reporterre.

« On ne questionne jamais l’usage des ammonitrates, on cherche juste à mieux les sécuriser »

Paul Poulain estime que le rapport ne s’attaque pas à la racine du problème : « On ne questionne jamais l’usage des ammonitrates, on cherche juste à mieux les sécuriser. Alors que pour éviter les risques, la première chose serait de regarder comme on pourrait s’en passer. »

Les ammonitrates sont utilisés par les agriculteurs comme engrais azotés,…

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Auteur: Laury-Anne Cholez (Reporterre) Reporterre