Les associations sont un rempart contre l'autoritarisme

Jean-Louis Laville est professeur au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et auteur de nombreux ouvrages sur la question de l’association, parmi lesquels le Dictionnaire de l’autre économie (Folio-Gallimard), L’Économie sociale et solidaire (Points-Seuil) et Réinventer l’association (Desclée de Brouwer). Il vient de publier, en coopération avec des responsables associatifs et d’autres chercheurs, la synthèse d’une recherche participative intitulée Quel monde associatif demain ? Mouvements citoyens et démocratie (Érès).


Avec la démocratie, un autre rapport social devient possible, plaidait le philosophe et homme politique Pierre Leroux en 1840, soit un demi-siècle après la Révolution française. Fini la charité, qui suppose une inégalité entre celui qui donne et celui qui reçoit, et vive la solidarité démocratique, permise par l’association volontaire de citoyens libres et égaux. Partant de la liberté d’accès de toutes et tous à l’espace public, des penseurs, des femmes et hommes politiques ont dès lors défendu l’association comme possibilité de prolonger la démocratie politique dans la vie sociale.

C’est en s’associant pour produire en commun, assurer les secours mutuels et faire ensemble des revendications politiques que l’on pourra avancer dans cette démocratie dont on vient juste d’ouvrir le chemin. Dans toute l’Europe, cette approche dite associationniste veut traiter ensemble, dans un même mouvement, les questions économique, sociale et politique.

L’enjeu est bien que le travail et la nature ne soient pas soumis à la loi du capital. En France, comme le rappellent les chercheurs Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz dans L’Événement anthropocène — La Terre, l’histoire et nous (Seuil), dans les années 1820, près de 10 % des procès dans les cantons ruraux autour de Marseille concernaient les pollutions industrielles. Et, entre 1830 et 1848, les espaces publics populaires bruissaient d’idées pour organiser le travail en marge des entreprises capitalistes. Le livre La Parole ouvrière (La Fabrique), d’Alain Faure et Jacques Rancière, qui rassemble des textes ouvriers de cette époque, montre que les travailleurs pensaient pouvoir organiser la production à partir de leur savoir-faire de métier. Des exemples comme celui de l’association des Bijoutiers en doré sont restés célèbres. Ne serait-ce qu’à Paris, trente-neuf métiers ont élaboré des projets d’associations. Et cette effervescence ne se cantonnait pas aux milieux…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre