Il est 10 heures sur la place centrale de la ville de Loutsk, au nord-ouest de l’Ukraine, en Volhynie. Comme plusieurs fois par semaine, un corbillard amène devant une cinquantaine de personnes la dépouille d’un soldat, mort au front. Igor Litchak avait 58 ans. Il est décédé à l’hôpital de Dnipro le 31 décembre dernier, des suites de ses blessures, reçues au combat quelques semaines plus tôt.
Ce 8 janvier, son enterrement a lieu devant ses proches, des militaires et surtout des habitants de la ville qui viennent rendre hommage au combattant, sans parfois même le connaître. Quelques journalistes locaux filment discrètement la scène. La foule réunie pose un genou à terre en lançant « Gloire à l’Ukraine » (« Slava Ukraini »). Puis le cercueil est porté dans l’église par six hommes en uniforme, en passant devant plusieurs drapeaux, dont un européen.
Le 8 janvier 2025, et comme plusieurs fois par semaine, la ville de Loustk a enterré l’un de ses habitants, mort au combat.
©Guy Pichard
« Je participe aux cérémonies lorsque c’est quelqu’un que je connais, nous dit Lidiia, historienne et urbaniste à Loutsk. Il serait difficile de participer à toutes, car je dois travailler. À la vue d’un cortège funéraire, tout le monde s’arrête et s’agenouille en signe de respect. Chaque jour à 9 heures, nous stoppons nos activités pour honorer par une minute de silence ceux qui sont morts dans cette guerre. »
Ce matin-là, la jeune femme est venue à la cérémonie sur le chemin de son travail, dont les bureaux se trouvent à proximité. Déclenchée le 24 février 2022, l’invasion de l’Ukraine par le président russe Vladimir Poutine a permis à la Russie de conquérir à ce jour un peu moins de 20 % du territoire ukrainien, en comptant la Crimée conquise par la Russie en 2014.
Le bilan humain est très lourd, mais varie grandement selon la provenance des chiffres. En septembre 2024, le…
Auteur: Guy Pichard