Les barreaux d'à côté

Depuis le début de la crise sanitaire, une vague de contestation s’est emparée des centres de rétention de France. À Oissel, Lyon, Mesnil-Amelot, Vincennes, Coquelles, Mayotte, Lesquin, Toulouse, Marseille, Uzerche, la colère s’est faite entendre au-delà des murs. Les retenus enfermés s’indignent depuis mars 2020 des conditions de vie, des risques de contamination au virus, de l’absence de gestes barrières, des violences policières, et parfois même d’actes de torture. Bien que le mouvement ait pris de l’ampleur depuis l’apparition de l’épidémie, il n’est pas nouveau.

En juin 2019, un rapport inter associatif faisant état de la situation des centres de rétention en 2018, constatait déjà « une hausse des tensions » et des « heurts entre fonctionnaires de police et personnes enfermées » en lien avec « le caractère anxiogène et deshumanisant de la rétention ». Les revendications des retenus restent méprisées et le mécanisme répressif mis en place est déroutant.

Cris d’alertes

À la vue de la propagation exceptionnelle du virus et le nombre de retenus contaminés, la plupart des établissements carcéraux ont été fermés quelques mois durant le premier confinement. Mais cette sage précaution n’est pas maintenue. Dés le début de l’été et en dépit des risques sanitaires évidents, les administrations rouvrent leurs portes sans restriction du nombre de placements, ou presque. Quelques mois plus tard, à la mi-novembre 2020, Dominique Simonnot, Contrôleuse Générale des Lieux de Privation de Liberté (CGLPL), alertait le ministère de l’intérieur du danger encouru par les retenus en CRA : « Le CGLPL recommande vivement que les CRA soient provisoirement fermés ou au moins que leur activité baisse drastiquement. » Cela n’aura pas suffi à convaincre le ministère de l’intérieur.

Les cris d’alertes des retenus se poursuivent dans un silence assourdissant. Ils s’emparent de tous les moyens nécessaires pour être entendu. Des émeutes éclatent, des incendies sont déclenchés, des grèves sont revendiquées. Faute d’être écouté, certains retenus perdent espoir. Des dizaines d’actes d’automutilation, de tentatives de suicides ont été recensés depuis le début de l’épidémie. Il y a moins d’un mois, un retenu mettait fin à ses jours au centre de rétention de Bordeaux. La répression quant à elle, est à l’image du traitement réservé aux exilés en France, violente, disproportionnée et silencieuse.

Faire taire les indociles

Le 6 Mars dernier, six retenus du centre de rétention de Mesnil-Amelot dans…

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Auteur: lundimatin