Les bonheurs du théâtre populaire

Photos : Philippe Caro

Pousser la porte de la Belle Étoile, à La Plaine Saint-Denis, c’est entrer dans un espace de partage des utopies et des luttes dont le foisonnement d’affiches a enregistré les traces. Revendication de la libération de Georges Ibrahim Abdallah, soutien à la Palestine, manifestations féministes, des années 1980 et d’aujourd’hui, appels à la grève générale… La Compagnie Jolie Môme, qui fêtera ses quarante ans l’an prochain, y tient ses quartiers. Quand elle n’est pas dans la rue ou sur des piquets de grève avec ses drapeaux rouges et ses chansons. Le théâtre de La Belle Étoile, une ancienne salle des fêtes située dans un quartier ouvrier, aujourd’hui en pleine mutation, a été mis à la disposition de ce collectif d’artistes et de militants par la ville de Saint-Denis depuis 2004. Connus des habitants, ils ont construit un public, pour leurs propres spectacles et soirées cabaret, les débats et rencontres (notamment avec les amis du Monde diplomatique), et mènent une action d’éducation populaire en direction des enfants et adultes. Ils conduisent des maraudes pour les plus fragiles et des groupes comme Solidarité migrants Wilson ont aussi pu y trouver un abri. Une activité aujourd’hui menacée par des baisses de subventions drastiques qui coïncident avec le basculement du bastion communiste à une gestion socialiste, en 2020.

Le spectacle actuel de la compagnie Jolie Môme, La Maladie Blanche, est une invitation à réfléchir sur le monde dans lequel nous vivons et celui que nous voulons. Qui découvre le texte mettrait sa main à couper qu’il vient d’être écrit. Juste après la pandémie de Covid 19 qui a cloîtré une bonne partie du monde. Et au seuil d’une guerre aux portes de l’Europe. Mais il est daté de 1937 et signé de Karel Čapek (publié aux Editions la Différence en 2011, dans la traduction d’Alain van Crugten). Peu monté en France (sinon récemment pour La Guerre des Salamandres, par Robin Renucci), Karel Čapek est un auteur majeur en Tchécoslovaquie, considéré comme un précurseur de la science-fiction et apprécié pour son œuvre polémique et novatrice pleine de dérision et d’humour, pouvant friser le cynisme et l’absurde

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Photo : Philippe Caro

La Maladie Blanche est sa dernière pièce, mise en scène au Théâtre national de Prague en 1937, juste avant sa mort en 1938. Il y est question d’ « Une pandémie venue de Chine (qui) frappe les quinquagénaires et perturbe les plans…

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Auteur: Marina Da Silva