Les bulots cuits par le changement climatique

Granville (Manche), reportage

Premier grand froid sur le port de Granville dans la Manche, mi-décembre. La pêche bat son plein, tant l’enjeu est de taille : les fêtes et leurs traditionnels plateaux de fruits de mer. Coquilles Saint-Jacques, coques, crustacés et surtout bulots sont débarqués sur les quais par les vagues de bateaux de pêche. La baie de Granville, à l’ouest du Cotentin, est la première zone française et européenne de capture au casier pour cette espèce labellisée « IGP Bulot de la baie de Granville ». Le buccin, buccinum undatum ou plus couramment bulot, est pourtant rare cette année, au point d’inquiéter toute la filière. L’été a été trop chaud. « Cette récente forte baisse des températures va faire beaucoup de bien à l’espèce », dit presque avec soulagement Laurence Hégron-Macé, ingénieure et responsable du pôle pêches maritimes au syndicat Smel.

Que ce soit chez les professionnels de la pêche ou les scientifiques, un point fait consensus : le réchauffement de la température de l’eau de la Manche a décimé le coquillage. Ainsi cet été, la criée de Granville a vu ses quantités de bulots capturés fortement chuter, elle qui est pourtant la première de France sur ce secteur. 14 tonnes du coquillage ont été comptabilisées au mois d’août, contre 62 tonnes l’année dernière, soit quatre fois moins.

« Tout l’été a été compliqué pour nous, confirme Johan Leguelinel, patron pêcheur de bulots à la barre de L’Astragale. Même si je connais le problème depuis des années, le choc a été début septembre, l’équipage et moi-même faisions des marées qui atteignaient difficilement les 50 kg de bulots par jour. Cela ne valait évidemment pas le coup de sortir en mer. »

Le bulot en eaux troubles

L’été caniculaire en France a bouleversé certains pans de la biodiversité en Méditerranée comme les moules, le corail ou encore les animaux marins de la Manche. Appréciant le froid de manière générale, le bulot se protège de la chaleur en s’enfouissant dans le sable et ne peut alors être pêché, ni se nourrir. Ces périodes de chaleur étant de plus en plus longues, certains finissent par en mourir.

« N’ayant pas pu s’alimenter normalement pendant plusieurs semaines, d’autres buccins sont ressortis du sable probablement trop faibles, détaille Laurence Hégron-Macé. À l’automne, des pêcheurs nous ont dit avoir retrouvé des bulots morts dans les casiers, sans doute épuisés. Certains bulots pêchés sont encore maigres, avec l’animal…

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Auteur: Guy Pichard Reporterre