Les chants (de lutte) de Sarah Maldoror

« Sambizanga », 1972

Il y a un an, l’une des six étapes de l’exposition « Six Continents ou Plus », tenue au Palais de Tokyo, à Paris, marquait particulièrement les visiteurs : la partie consacrée à la réalisatrice guadeloupéenne Sarah Ducados, alias Sarah Maldoror, organisée en partenariat avec le Musée national de l’histoire de l’immigration. Une découverte pour nombre de personnes ayant fait le déplacement vers cette série d’installations placées sous le signe de la tricontinentalité.

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Réalisatrice d’une quarantaine de documentaires et de films, porte-voix des luttes de libération africaines — au point d’ailleurs, reconnaissait-elle « d’avoir fait beaucoup plus de films pour l’Afrique que pour la Guadeloupe », Sarah Maldoror a mené une œuvre largement dédiée à la dénonciation de l’oppression, du racisme et de la colonisation. La réalisatrice, qui avait pris son pseudonyme en hommage à l’auteur des Chants de Maldoror, le poète franco-uruguayen Isidore Ducasse (1846-1970), plus connu sous nom de Lautréamont, fut en particulier une compagne de lutte du peuple angolais, et de la première génération du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA). Mario de Andrade (intellectuel et poète angolais décédé en 1990), l’un des principaux fondateurs du MPLA et son président jusqu’à la fuite d’Agostinho Neto de Lisbonne en 1962 — auquel il céda aussitôt la présidence —a partagé la vie de la réalisatrice. Sorti en 1969, son premier film, Monangambée, tourné à Alger, co-écrit avec De Andrade et Serge Michel, était basé sur le roman de l’écrivain angolais José Luandino Vieira, alors emprisonné dans le camp de concentration de Tarrafal, sur l’île de Santiago (Cap-Vert) par le pouvoir colonial portugais.

On aimerait bien voir cette exposition dédiée à Sarah Maldoror tourner dans l’Hexagone, avant, qui sait, de la voir se diffuser en Outre-mer et, bien sur, à travers le continent africain et particulièrement les nations dont elle a soutenu les luttes de libération. En attendant, pour entretenir cette flamme politique, voire la réanimer, il y a bien sur Internet Sambizanga. Sorti en 1972, ce film constitue l’une des œuvres clés de la réalisatrice antillaise. Il y a aussi une manière plus simple, accessible, et universelle, de redécouvrir le patrimoine de la cinéaste : le paysage de musiques et de mots qui ont nourri son engagement, depuis la cofondation, au milieu des…

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Auteur: Jean-Christophe Servant