« Les citoyens permettent aux scientifiques d’avoir le bruit du territoire »

Depuis quinze ans, l’institut écocitoyen de Fos-sur-Mer scrute et analyse les impacts de la zone industrielle et portuaire qui caractérise le territoire depuis les années 1970. Son directeur, Philippe Chamaret, expose son fonctionnement, de la genèse des études menées aux conseils prodigués aux décideurs pour réduire les nuisances.

Quand et comment est né l’institut écocitoyen de Fos-sur-Mer ?

Philippe Chamaret : Afin de respecter une directive européenne sur la gestion des déchets au début des années 2000, la communauté urbaine de Marseille a voulu passer de l’enfouissement à l’incinération. Pour les décideurs, cela faisait sens que l’incinérateur atterrisse à Fos-sur-Mer, territoire caractérisé par une zone industrielle portuaire de 10 000 hectares, gérée par le port autonome de Marseille à l’époque. Mais les habitants n’ont pas compris pourquoi ces déchets étaient exportés chez eux ! Ils ont mené une lutte dans la rue mais aussi en s’intéressant à la question des pollutions.

La gouvernance est partagée entre ceux qui étaient adversaires au début.

Des habitants, des commerçants, des dockers se sont mis à chercher des expertises existantes pour prouver que cette installation aurait des effets néfastes sur la santé. C’était un premier fait participatif majeur ! En 2008-2010, les élus ont alors décidé de créer une instance indépendante des pouvoirs publics et des industriels pour développer une expertise adaptée aux enjeux locaux. L’institut écocitoyen est né avec la particularité que sa gouvernance est partagée entre ceux qui étaient adversaires au début de l’aventure.

Comment fonctionne l’institut et quels rôles jouent les citoyens ?

Le premier principe de l’institut est la transversalité. L’équipe de dix scientifiques est compétente en chimie de l’environnement, en écotoxicologie et en…

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Auteur: Vanina Delmas